Crises de colère : comment les gérer ?
L’autre jour, ma fille de 3 ans est entrée dans une colère terrible dans un magasin et elle m’a tapé au visage. J’ai peur que ça se reproduise !
C’est un phénomène bien connu, refuser à un enfant de lui acheter quelque chose dans un magasin peut susciter pas mal de contrariétés. Si le mécontentement se transforme en grosse colère, il faut dans un premier temps admettre que son enfant, perdu dans ses émotions, fait n’importe quoi. Une seule solution dans ce cas, sortir du magasin en le portant ou en le tenant fermement par la main, puis vous asseoir dans un coin calme et le serrer dans vos bras en attendant que son bouillonnement interne s’atténue. Cette méthode, testée et approuvée par beaucoup de parents évite d’entrer dans un rapport de force non efficace. Souvent, le parent se fâche surtout parce qu’il craint le regard des autres, qu’un enfant le tape ou crie des insultes en public. C’est compréhensible. Pourtant, « quelle importance ? M’entendre dire que j’ai un enfant capricieux, ça ne m’a jamais aidé ! ». Lui apporter la sécurité dont un enfant a besoin dans ce genre de situation est en effet bien plus important que le « qu’en dira-t-on ».
C’est un peu la hantise de tous les parents : en plein milieu du supermarché, votre adorable bambin se transforme soudain en petite furie, hurle, pleure et tape des pieds.
On peut se servir d’une grosse colère en public pour passer un message efficace auprès d’un enfant. Car une « l’exfiltration » du magasin réussie et les derniers sanglots ravalés, il faut faire un retour en arrière. Ce ne sont pas les raisons de votre refus d’acheter telle ou telle chose dont il vous faut parler, mais de votre formidable attitude « action-réaction » : « À chaque fois que tu feras une telle colère, nous serons obligés de quitter l’endroit où nous sommes de cette façon-là », direz-vous à votre enfant. Ces simples paroles, sans animosité ni dans votre ton ni sur votre visage lui donneront matière à réfléchir et l’assurance qu’il a un parent fiable !
Si vous avez des nerfs d’acier et aucune peur d’affronter un public qui manque souvent de bienveillance envers les enfants et leurs parents, voici une manière de faire qui vous transformera en superhéros ou superhéroïne. Une fois la crise passée et le message transmis, il s’agit de demander à son enfant s’il se sent capable de retourner dans le magasin en se comportant bien. S’il accepte, ce sera une victoire pour lui et pour vous. Il n’aura qu’une envie, vous montrer qu’il est capable de se dépasser et vous serez très fier de lui ! S’il refuse, ce n’est pas grave. L’événement aura été suffisamment marquant pour qu’il s’en souvienne et tente la prochaine fois de mieux se comporter.
Mon fils de 5 ans fait des crises terribles quand il se dispute avec sa sœur ou avec ses copains de classe. On m’a déjà convoqué à l’école pour cette raison-là !
Il est important de veiller à ce que son enfant ne rentre pas dans le cercle vicieux de la contrariété qui appelle une colère immédiate, bien pénible pour tous. Il risque de s’y habituer, voire d’y trouver un certain plaisir si sa petite sœur ou son petit frère réagit en pleurant. « C’est moi le plus fort » pourrait-il penser… Pour éviter ce rapport de force et modérer les disputes, une astuce positive consiste à inviter régulièrement un copain ou une copine pour jouer à la maison. L’invité·e fera tampon et les rapports entre frères et sœurs seront moins tendus. Avec des frères et sœurs plus âgés, on peut utiliser la technique des « messages clairs » de la pédagogie Freinet. Lorsqu’il y a grosse crise, on attend le lendemain pour réunir le plaignant et le fautif dans une pièce de la maison, pour qu’ils puissent régler leur conflit en autonomie. Une discussion non-violente doit permettre à celui qui s’est mal comporté de prendre conscience de son acte, qu’il plaide sa cause ou s’excuse, sans l’intervention des parents.
Les embrouilles sont nombreuses à l’école et c’est toujours une bonne chose d’écouter son enfant quand il raconte ses déboires. Il a tapé untel, pincé ou griffé un autre… Pour ces gestes-là, aucune excuse. Il vous faut simplement lui signifier que ces gestes sont interdits. Pour aider les enfants les plus impulsifs et colériques, vous pouvez ouvrir « la boîte à idées anti-colères ». Sans lui faire de suggestion préalable, demandez-lui de trouver trois idées pour améliorer son rapport avec les autres, même les plus farfelues. « Ma fille lance des fils de toiles d’araignée imaginaires en direction de celui ou celle qui l’embête », explique une maman. « J’ai prévenu la maîtresse, qui l’a félicitée et lui permet d’aller faire un aller-retour dans le couloir quand elle la voit commencer à bouillonner ! » Faire un tour de couloir ou de jardin au pas de course, ce sont de très bonnes manières de chasser le poison de la colère.
Nous avons une fille de 6 ans. Mon conjoint ne jure que par les punitions, moi je suis contre. Pourtant, il m’arrive aussi de la gronder un peu trop fort, quand je réagis sur le coup de l’émotion.
Prendre le temps de comprendre les raisons d’une colère, c’est notamment se demander si les crises se font toujours à la même heure, en fin de journée ou juste avant le repas. En effet, les colères de fatigue ou de faim sont les plus courantes chez les jeunes enfants. Au lieu de les prendre comme une fatalité, il suffit parfois d’avancer un peu l’heure du repas ou de donner un petit bout de pain à son enfant pour lui éviter de basculer dans une colère toujours très épuisante et qui ne sert à rien.
La mise à l’écart ou « time-out » est considérée comme un outil de discipline qui vient remplacer la punition. Mais le time out ayant un caractère d’exclusion plutôt blessant pour un enfant, il est important de ne pas l’appliquer de façon trop rigide (« Va au coin, tu es puni dans ta chambre, va au lit… »). Tout parent le sait ou s’en doute, un enfant colérique est un enfant qui souffre. Le « time-out » peut être ressenti comme un rejet du cercle familial et renforcer sa colère. Pour éviter cette « double peine », il suffit de convenir à l’avance d’un endroit agréable à la maison où chacun peut aller quand il a en a besoin, en attendant que le feu de la colère s’éteigne. Un parent sujet à la colère peut aussi utiliser ce sas de décompression : « Chez nous, il y a un vieux fauteuil tout rempli de coussins et de journaux dans un coin de couloir. C’est notre îlot pour personnes très en colère. Mon fils y va de lui-même quand il est furieux et il boxe les coussins. Moi aussi, de temps en temps, je vais y faire une pause pour me remettre d’attaque en feuilletant des revues people… entre-temps, c’est le chat qui s’y installe pour dormir ! ». Ce témoignage d’un parent montre bien que ce n’est pas une chambre porte fermée qui aide l’être humain à retrouver ses esprits. Au contraire, nous avons tous besoin d’un cocon douillet près des nôtres.
Il y a tant de cas de figures : jeter ses lunettes à la poubelle, se rouler par terre en pleine rue, cracher sur son parent… inventorier les expressions de la colère serait sans fin. Mieux que les punitions, la bonne réponse à ces mauvais comportements, c’est d’en parler, une fois la colère passée. Il est inutile d’en faire une affaire d’état et de raconter l’incident hors du cercle familial. Un enfant pourrait tout à fait se sentir fier de provoquer autant « d’intérêt » et ce n’est pas le but. L’explication doit se faire en tête-à-tête, en discutant ou en jouant. Les enfants aiment questionner, échanger avec leurs parents, en particulier quand ces derniers se mettent à raconter leurs propres colères d’enfants ou les colères les plus mémorables des grands frères et grandes sœurs.