Illustration de Kei Lam
La bulle des parents

Je pratique l’éducation positive et ça fonctionne !

MP
Marion P., maman de Yoni 4 ans
16 septembre 2020

Je suis à fond pour la parentalité positive mais dès que j’en parle autour de moi, on me dit que je vais fabriquer un enfant roi qui sera infernal plus tard… Ça me pèse et j’en ai assez de me justifier… je ne suis sûrement pas la seule dans ce cas-là !

Il est étonnant que l’on soit obligé de s’étiqueter « parent pratiquant l’éducation positive » quand on est tout simplement à l’écoute de ses enfants. Peut-être que les pratiques telles que les punitions, même s’il est prouvé qu’elles ne servent à rien, ne sont pas encore complétement hors-circuit ou que certains adultes confondent « laisser faire » ou laxisme, et éducation positive. Voici les grands et simples principes de la parentalité positive, qui mettront tout le monde d’accord.
1. Être positif

Nos jeunes enfants sont de vraies éponges. Dans leurs jeux, dans leurs habitudes, dans leurs attitudes, ils nous imitent. D’où l’importance d’être curieux, joyeux… aimable avec eux ! Patience et tolérance aussi, surtout, notamment avec les « BABI », ces bébés aux besoins intenses, qui s’ennuient plus que d’autres et ont du mal à gérer le moindre désagrément. Pour eux comme pour les autres, on s’inspire de ce papa : « Je suis devenu un vrai expert en gestes positifs », dit-il avec humour. « Plutôt que de me sentir contrarié quand mon garçon de 15 mois se braque, ce qui arrive souvent, je fais diversion en faisant un petit jeu de main : je chasse ses “non” avec la main, je les repousse hors de la maison. C’est très simple, très visuel et il adore ça ! »

2. Être empathique

Combien de fois dit-on « ce n’est pas grave » à son enfant lorsqu’il fait, par exemple, éclater son ballon de baudruche ou laisse tomber son cornet de glace à terre par mégarde ? Cela peut sembler enfantin de pleurer pour si peu de chose. C’est pourtant une émotion comme une autre, que nous parents devons prendre en compte. Remplaçons donc ce fameux « pas grave » par « toi qui aimes tant les glaces, toi qui te régalais à jouer avec ton ballon, je comprends que cela te rende triste… ». L’empathie consiste à se mettre à la place de l’autre, chose que l’on oublie souvent de faire avec son enfant. « Et pourtant, ça ne coûte rien ! » dit cette maman qui avoue préférer se rapprocher des parents qui comme elle utilisent le vocabulaire empathique pour parler à leurs enfants : « tu te débrouilles bien, j’aime ta façon de m’aider, tu as fait exactement ce qu’il fallait… » Elle fait aussi remarquer que ces parents au parler positif sont rares !

3. Être pratique

Il est une période, entre 12 et 18 mois, où les parents ont l’impression de courir toute la journée après leur enfant pour l’empêcher de toucher à tout dans la maison. « Nous avons beaucoup réaménagé la maison pour ne pas passer notre temps à dire non. Combien de crises évitées grâce à ça ! » racontent des parents astucieux. L’éducation positive est en effet toujours en symbiose avec la motricité libre. Une méthode bienveillante d’accompagnement des bébés, conçue par Emmi Pikler au début du siècle dernier, qui démontre l’importance de reconnaître les très jeunes enfants comme des personnes à part entière.

LH
Laura H., maman d'Alba 5 ans
05 novembre 2020

Pourquoi est-il si difficile d’éviter les tournures négatives ? Elles sortent naturellement de ma bouche et ce n’est qu’après coup que je réalise que j’aurais dû m’exprimer autrement ! Je dois aussi former mon compagnon : depuis qu’il ne dit plus non à notre enfant, il a tendance à tout faire à sa place…

Les automatismes ne sont pas faciles à modifier, mais ce qui compte dans un premier temps c’est de « s’auto-alerter » sur la façon dont on s’adresse aux jeunes enfants en employant trop souvent la négation. Quant au laxisme, il est pile à l’opposé de l’éducation positive qui en aucun cas ne prône l’absence de limites.
1. Oui ou non au « non » ?

« Attention à ne pas ressentir un plaisir jouissif à regarder son enfant faire tout et n’importe quoi en public, devant le regard consterné des gens », alerte un parent qui milite pour l’éducation positive. Car les enfants ressentent eux aussi le côté négatif de l’ambiance. « D’ailleurs, moi je tiens au “non” mais avec raison et toujours suivi d’une explication », ajoute-t-il. Certains parents remplacent le fameux « non » par un « stop » mais cela ne change pas grand-chose, car le non ou le stop sévèrement dit amènent toujours à la même frustration, d’où découlent cris et pleurs.

2. Pas de phrases négatives

Un jeune enfant a souvent du mal à comprendre les phrases négatives, mieux vaut donc les éviter. Pour exemple, cet enfant qui regarde une illustration de fonds sous-marins. « C’est un requin », dit-il à son papa en pointant une orque. « Non, lui répond ce dernier, c’est une orque ». Pourtant, il pourrait facilement répondre « Ça alors, attends voir, je dirais plutôt que c’est une orque, tu sais on en a vu une l’autre jour, dans ton livre de la mer ». L’exemple suivant, durant l’attente avant le repas, est lui aussi un classique. Un enfant pleurniche, veut un bout de pain et maman dit « Non, ce n’est pas prêt, tu attends… on va bientôt manger ! » Alors qu’un « Viens m’aider à apporter la corbeille de pain à table, assieds-toi, choisis ton morceau de pain et j’arrive ! » aurait pu éviter un conflit. Parler positif, refouler le négatif, donner toujours plus d’importance aux choses agréables, nous voilà bien au cœur de l’éducation positive.

CR
Cynthia R., maman de Mika et Zoé
08 septembre 2020

J’avais l’impression que je passais mon temps à surveiller ce que faisaient mes enfants, afin qu’ils restent bien sur les rails, comme le disait mon mari. Mais tout a changé avec le confinement, on a enfin eu le temps de les écouter et je me suis découvert des talents en bienveillance !

Comment profiter au mieux de la vie de famille, sans jouer en permanence au gendarme avec ses enfants. Sûrement en faisant ce qu’ont fait tous les parents qui dernièrement ont passé beaucoup de temps avec leurs enfants à la maison ! Ils ont tenté la discipline positive et ne s’en sont pas plus mal portés !
1. Discipline positive

Beaucoup de parents manquent de temps, sont stressés et cherchent avant tout à boucler le planning familial dans une journée ordinaire… et acceptent comme une fatalité les nombreux « cris et fâcheries ». Un outil d’éducation positive peut pourtant transformer très simplement la vie familiale. « Depuis que nous faisons le point chaque week-end avec les enfants, pour voir comment mieux organiser la vie de famille, tout va mieux », raconte une maman de deux enfants de 4 et 7 ans.

2. La démocratie à la maison

La force d’un quart d’heure de réunion familiale rappelle le conseil coopératif de la pédagogie Freinet, à la base de l’éducation positive. Il montre aux enfants que leur avis a de l’important mais pas uniquement pour se plaindre ou réclamer ! Cette reconnaissance du droit à la parole de chacun de ses enfants, même les plus petits donne un vrai esprit d’équipe à la famille.

3. Partage d’idées

Le temps d’échange familial se prépare comme cela se fait dans les écoles Freinet. Les sujets de discussion sont inscrits durant la semaine sur un panneau pense-bête (« je félicite, j’ai un problème avec, je propose une idée »). Lors du conseil familial, on commence en se faisant de petits compliments entre parents, entre frères et sœurs, d’enfants à parents… Puis on cherche qui fera quoi pour aider à la maison, quelle sera la sortie du prochain week-end, quelle idée pour mieux s’entendre entre frères et sœurs… Cet échange familial peut paraître artificiel, cependant ses bénéfices sont nombreux. Il développe l’autonomie des enfants, les incite à comprendre le point de vue des autres, à voir le côté positif du partage des tâches familiales (les parents ont ensuite plus de temps pour jouer avec nous). Il permet à chacun de donner son avis sur de grands projets, les vacances, une fête familiale, des travaux d’embellissement de la maison. Le conseil aide aussi à régler bien des petits conflits, en les abordant calmement et avec l’aide de chacun pour proposer des solutions de réparation à celui qui en faute, plutôt qu’une punition immédiate, annoncée sous le coup de la colère.

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