Illustration de Kei Lam
La bulle des parents

Mon enfant réclame trop d'écrans, comment faire ?

LP
Laurie P., maman de Simon 2 ans
11 décembre 2020

Je vois difficilement comment je pourrais tenir mon fils de 2 ans et demi à l’écart de tout écran et je culpabilise...

Suivre les recommandations et ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans, c’est nécessaire. Il est parfois difficile de s’y conformer à 100 %. Mieux vaut alors faire de bons choix.
1. Choisir le bon programme

L’intérêt pédagogique des émissions pour enfants est souvent discutable, surtout pour les très jeunes qui n’apprennent bien que dans le mouvement, la manipulation et les échanges verbaux. Si nous devons choisir un dessin animé, il est donc préférable de privilégier une histoire courte plutôt qu’un programme soi-disant éducatif promettant de lui apprendre les couleurs ou les lettres. Le bon choix va vers des dessins animés à ambiance douce et au rythme lent.

2. Revoir encore et encore

Nous savons bien que les jeunes enfants adorent qu’on leur raconte leur histoire préférée encore et encore. La répétition leur permet de mieux la comprendre. Ce sera la même chose avec un dessin animé. Plutôt que de regarder un nouveau dessin animé à chaque fois, laissez-le revoir plusieurs fois de suite un même petit dessin animé. L’idée n’est pas de passer le même dessin animé en boucle mais plutôt de le proposer en rituel quotidien. Un temps d’écran minime et chaque jour à la même heure, c’est crucial pour bien des parents : cela permet d’avoir quelques minutes de tranquillité, souvent au moment de préparer le repas, selon la majorité des parents interrogés.

3. Sélectionner plutôt que laisser faire

Les dessins animés sont souvent conçus pour faire consommer des produits dérivés, vêtements, produits alimentaires, jouets… Il est important de ne pas tomber dans ce piège en créant chez son enfant, encore très petit, des besoins qu’il n’a pas de lui-même. Le mieux est de faire son propre programme en téléchargeant de courts dessins animés bien choisis et de préférence intemporels.

LF
Lucia F., maman de Rosie 5 ans
16 juin 2020

J’aimerais vraiment savoir comment d’autres parents parviennent à ne pas rester connectés chez eux…

Chaque adulte a sa propre consommation et gestion d’écrans. Ce qui compte, c’est d’avoir de bonnes stratégies pour éviter qu’un enfant ne subisse trop cette invasion.
1. Des écrans invisibles

Pour rendre les écrans plus discrets, on peut faire ces deux gestes tout simples : placer les smartphones en hauteur afin qu’ils ne soient pas à portée de leur enfant et les mettre en mode vibreur. Si on prend en plus l’habitude de consulter tablette ou téléphone loin de son enfant, on le perturbe moins pendant qu’il joue à autre chose. Il est sûr que s’il vous voit rire aux éclats devant une vidéo rigolote, il va accourir et abandonner ce qu’il est en train de faire.

2. Ne pas diaboliser un objet du quotidien

Pourquoi ne pas lui laisser assouvir sa curiosité face à cet objet du quotidien, comme nous le faisons avec tout ce qu’il y a dans la maison ? C’est une question que se posent bien des parents. Il est en effet intéressant pour un petit enfant de connaître la fonction de tous les objets qui l’entourent. C’est à chaque parent d’en définir l’usage et le bon dosage, la parcimonie étant souvent plus éducative que l’interdit. Aussi, rien n’empêche d’installer un petit rituel d’une dizaine de minutes pour partager les photos familiales ou la vidéo d’un de ses exploits, ceci dans le cadre d’une utilisation raisonnable : « si maman ou papa tiennent la tablette et ne me la confient pas, le message est très clair : ce n’est qu’avec eux que je la regarde ».  

JL
Julien L., papa de Sacha 3 ans
11 décembre 2020

J’ai l’impression que mon enfant de 3 ans apprend plein de choses sur ma tablette. Je le laisse faire puisqu’il fait déjà plein d’autres activités normales à l’école, de la peinture, du modelage, de la gym...

Regarder des images ou des photos sur une tablette est aussi devenu chose normale de nos jours mais c’est très différent des vraies activités d’un jeune enfant. Les activités manuelles et physiques doivent rester prioritaires pour lui, du saut du lit jusqu’au coucher. Quant aux jeux virtuels, il suffit souvent de les relier à des expériences réelles pour en relativiser l’importance.
1. Jeu virtuel pour accompagner le vrai jeu

Sur un support en 2D, il est très facile pour un enfant de faire des exercices de comptage ou de repérage de tailles et de couleurs. Ces activités sont beaucoup plus difficiles à faire pour lui dans la réalité ! D’où l’intérêt de combiner les deux. Laissez-le d’abord compter les cubes et les empiler virtuellement, du plus petit au plus grand sur la tablette. Proposez-lui ensuite de faire la même chose avec ses cubes en bois. Les lacunes du jeu virtuel, où tous les repères de poids, de volume, de matière sont inexistants, seront ainsi compensées par un temps de vraie manipulation.

2. Être accro aux écrans… pour faire semblant  

Entre 2 et 4 ans, les jeux d’imitation (dînette, docteur, garagiste) sont au centre des intérêts des enfants. Avec les objets connectés, on fait pareil : on privilégie les faux téléphones et tablettes en lui donnant votre ancien téléphone par exemple. Votre enfant jouera à vous imiter : composer un numéro de téléphone fictif, faire semblant d’être contrarié quand l’écran ne réagit plus, envoyer un mail en imitant le son de son départ… Il adorera partager son jeu avec vous. Parler dans son « faux téléphone » pour vous raconter sa vie lui demandera bien plus d’efforts que de rester statique devant un écran.

3. Quand les écrans ont un pouvoir éducatif

Quand un enfant se prend de passion pour les coccinelles ou les escargots dans le jardin, pourquoi ne pas lui offrir ensuite une courte leçon de nature via un écran ? Une vidéo de 20 secondes où il la pourra voir une coccinelle déployer ses ailes, grimper sur un caillou, escalader une écorce, avancer tête en bas… cela va le passionner. Inutile de mettre le son ! Ainsi vous pourrez calmement décrire les actions qui défilent, avec des mots simples. Vous pourrez aussi demander à votre enfant de sélectionner des photos de sa petite bête préférée et les imprimer pour en faire un imagier personnalisé. Le lien se créera ainsi entre l’image virtuelle, furtive et celle d’un livre que l’on peut regarder à tout moment et autant de fois qu’on le veut…

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