Comment se faire obéir sans crier
Mon fils de 5 ans n’en fait qu’à sa tête ! Mon compagnon et moi avons beau nous fâcher, rien n’y fait. Contrairement à sa grande sœur, c’est vraiment un enfant difficile !
« Ça m’est égal je le ferai quand même », dit l’un, « tu peux toujours parler, je ne t’entends pas », dit un autre en mettant ses mains sur ses oreilles. Maria Montessori explique très bien le système de défense qu’utilise un enfant pour se couper du monde, une barrière psychique qui peut entraîner un enfant à se dresser contre son parent dès que celui-ci lui « ordonne » de faire quelque chose. C’est ce « vilain mécanisme » qu’il faut démonter. Les conversations, hors moments de crise, ont une fonction positive, celle d’en comprendre les causes. Un repas partagé avec un copain ou un cousin permet de mettre en route une conversation autour du respect des règles (quelle est la pire des règles à respecter à l’école, au bureau, en voiture… quelle est la plus facile, celle qu’on a toujours envie de ne pas suivre...). En évitant ainsi la confrontation directe, on fait plus facilement entendre son point de vue. Ces conversations montrent aussi à un enfant que parler, échanger vaut mieux que s’enfermer sur soi-même et lui font comprendre que chacun, petit ou grand a des règles à respecter.
Quand un enfant commence à avoir des exigences supérieures à ce que ses parents lui accordent, il est important de ne pas lui céder et de tenir sur la durée en s’épaulant entre parents. Vous aurez droit à ses plaintes, à des démonstrations excessives de tendresse, à des promesses (« juste une fois »)... Du chantage aussi : « tu m’aimes moins que papa, puisque lui est d’accord ! ». Hélas pour le ou la quémandeur(se), il est nécessaire que la loi des parents reste implacable. Quand c’est non, c’est toujours non. Sinon, il sera impossible de faire machine arrière. Quant à l’amour, n’est-il pas dommage d’en faire un sentiment négociable ? Une question qui peut aussi faire l’objet d’une autre discussion !
Un enfant vit dans le moment présent et la bonne organisation de sa journée telle qu’elle est prévue par ses parents n’a parfois rien à voir avec sa propre façon d’employer son temps. C’est donc à cela qu’il faut « travailler » en tant que parent, afin qu’il comprenne que les règles sont indissociables de la liberté dans la vie en société, et lui permettent aussi de faire les choses qu’il aime. La liberté est en effet un mot-clé lorsqu’on installe de nouvelles règles, un mot qui va donner aux contraintes une autre dimension. « Plutôt que crier à taaaable, tel un dragon, j’annonce que le repas est prêt en précisant la suite », conseille un parent. « Par exemple : viens vite manger, comme ça tu auras encore un bon moment de jeu avant de te coucher ». Un message positif qui donne envie d’obéir plus facilement. « Et bien sûr, ajoute-t-il, s’il tarde à passer à table, le temps de liberté est perdu ». La conséquence de ses actes amène ainsi peu à peu à faire la part des choses : je fais ce que je veux et je suis perdant, je suis à l’écoute de mes parents et j’ai plus de temps pour faire les choses que j’aime.
Dès qu’elle est contrariée, ma fille de 8 ans n’arrive pas à se contrôler. Elle est exactement comme moi, je me mets en colère très vite !
Quand un enfant refuse de faire quelque chose, crie et insulte pour le faire savoir, ne coupez pas le contact en mimant l’impassibilité ou l’absence d’émotions. Jouez sur le ton, le volume et le contenu de vos propos. Sans fuir son regard, montrez-lui que vous êtes déterminé(e) (« c’est non ! ») puis respirez à fond en comptant jusqu’à 10 dans votre tête avant de parler. Cela permet de rester maître de la situation, même en cas d’insulte ! Ce que vous direz ensuite sera toujours à la première personne, tel un mantra positif (« je n’accepte pas ces mots, je sais qu’un jour ça changera, je sais que tu es capable de mieux »). Cela évite d’humilier un enfant avec des propos qui vont faire baisser son estime de soi (« tu es un bébé, tu me fais de la peine, tu me fais honte… ») et que l’on peut regretter d’avoir dit ensuite !
« Chez lui on peut faire tout ce qu’on veut ! » hurle un enfant contrarié en parlant de son meilleur ami. Le parent répond : « chacun fait à sa manière et ici c’est à cette heure qu’on se couche ! » Doit-on ensuite continuer à entendre des récriminations, y répondre par des menaces ou mettre fin rapidement à un dialogue sans fin ? Mieux vaut adopter la deuxième solution en laissant le deuxième parent prendre le relais. Il ne va pas poursuivre la discussion mais confirmer de même façon (ton convaincant, calme et ferme) ce qu’a dit l’autre parent. Le message est alors reçu à 100 % et renvoie une image rassurante à un enfant, celle de parents qui détiennent tout deux l’autorité de façon fiable et sereine.
Un enfant qui adopte une attitude négative par opposition à l’autorité que représentent ses parents, réagit la plupart du temps à l’inverse quand il est à l’extérieur de la maison. Il va exploser à la maison, alors qu’il est un enfant parfait à l’école ou dans ses activités extra-scolaires (sport ou autre), où il suit sans broncher des règles strictes et obligatoires. Seule solution : lui laisser un temps de décompression avant de lui rappeler ses obligations à la maison. Cette simple pause de 30 minutes, où l’on veille aussi à diminuer l’ambiance sonore jusqu’à atteindre le silence, réduit le stress à « obéir » emmagasiné durant la journée.
On me dit qu’il faut imposer les règles à notre fils de 10 ans jusqu’à ce qu’elles rentrent dans sa tête. Mais plus nous le punissons, moins j’ai l’impression que cela lui fait de l’effet. D’ailleurs, il en rigole !
Des excuses ne suffisent pas et, c’est un constat que font beaucoup de parents, les punitions sont souvent inefficaces. À l’inverse, réparer ses fautes permet à un enfant de bien saisir l’impact que son comportement a produit sur les autres. S’il se bagarre avec son frère au sujet d’un de ses jouets et lui fait mal, plutôt que de punir, on procède ainsi : constater le problème, demander à son enfant de chercher immédiatement une solution de réparation, la faire accepter par celui qui a été frappé, féliciter l’ex-fautif lorsque sa réparation aura été bien faite. (Exemples de solutions de réparation : prêter son jouet préféré pour la soirée, lire un livre que le petit choisira, ou faire un jeu ensemble quand sa colère sera retombée…). Convaincus par le côté responsabilisant de cette pratique, les parents anti-punitions en témoignent : le système de la réparation apprend à l’enfant à s’auto-discipliner et ses crises et refus s’atténuent.
Il est bon de ne pas mettre tous les refus dans la même « sac » et de cumuler les sanctions dans l’idée que c’est ainsi que votre enfant apprendra à obéir. La force d’un « carton rouge » n’aura d’effet que s’il est exceptionnel. En famille, on peut laisser passer quantité de petits actes irritants sans nuire à la bonne éducation de son enfant. Il est déjà bien suffisant de sévir pour les comportements inacceptables, où entrent en jeu la sécurité physique, affective et morale de tous (« j’insulte - je frappe - je casse – je me mets moi, ou je mets les autres, en situation de danger »). Il ne faut pas non plus oublier de féliciter son enfant les jours « fastes », où il a un comportement exemplaire et adorable. Sans en abuser, en les pensant vraiment, les mots qui font du bien ont toujours grande valeur (cette journée sans crise m’a bien plu, tu as été super gentille avec ton frère et pourtant il est parfois pénible, bravo !).