Mon enfant dit toujours non… Il est en pleine crise des 2 ans, au secours !
En ce moment, c’est un vrai festival de cris et de colère quand mon compagnon et moi disons “non” à ma fille de 18 mois. Je crains les sorties car dès que je la sors de la poussette, elle n’en fait qu’à sa tête !
Face à un enfant qui entre dans sa phase d’autonomie, souvent mal comprise par les adultes, et avec tous les conflits que cela amène, les parents se sentent souvent obligés de sévir, comme on le leur conseille souvent. Un enfant est alors décrété « T2 » (terrible two) alors que ce n’est qu’une étape faisant partie de son développement normal. « La T2 suivie de la F4 (fucking four*) fait l’affaire des pseudo-psy » décrète une maman. « C’est tellement facile d’étiqueter les enfants pour nous culpabiliser ! » Le changement de caractère brutal de son enfant est étonnant et peut surprendre... Du jour au lendemain, un petit ange docile se transforme en vrai trublion…
* F4 = crise des 4 ans, avec opposition et négociations.
Nos enfants nous ont sous les yeux en quasi permanence et c’est nos réactions qu’ils miment au moment de confronter pour la première fois leurs envies personnelles avec les obligations du quotidien, autour de 2 ans. Nous employons nous-mêmes beaucoup le « non ». Rien d’étonnant à ce qu’un enfant fasse pareil. C’est un mode de communication bien pratique pour extérioriser ce qu’il ressent. Pour éviter l’excès de « non », les crises de colères et autres fâcheries qui les accompagnent, il vaut donc mieux dire… « oui » ! « Oui je vais t’embêter alors que tu es bien tranquille à jouer, mais c’est l’heure de la sieste… » Et l’on poursuit avec « … pendant ce temps, ton jeu va attendre et tu pourras y jouer autant que tu voudras après la sieste ».
« C’est quand je me suis mise à la place de ma fille de 2 ans que j’ai compris certaines de ses crises », explique une maman. On oublie souvent de prévenir un enfant avant de le soustraire à son activité, mais comme on le ferait entre adultes, on doit donc prévenir son enfant un peu à l’avance d’un changement qui s’annonce. Les mots doivent être clairs, toujours énoncés à l’identique : « quand je reviendrai te voir, je te dirais stop et ce sera le moment de… », « comme je te l’ai dit tout à l’heure, maintenant il faut… ». Si les sourcils se froncent et la colère monte, on reste ferme : ce rituel du « stop-activité » va se mettre en place petit à petit. Usez aussi d’astuces de diversion. Par exemple : prendre une photo du jeu en cours de son enfant. Cette photo fixe l’instant et rassure le jeune enfant sur le fait que l’arrêt de son activité est temporaire. Le rapport au temps est une notion difficile à comprendre. Les jeunes enfants l’apprennent progressivement au cours de leurs six premières années.
Je me sens complètement perdue devant les refus de faire ceci ou cela de mon fils de 20 mois. Et même si je sais que cela ne sert à rien, je crie, je me fâche… et parfois il me frappe… même dans la rue !
« Je donne des choix pour emmener mon fiston là où je veux qu’il aille », dit le papa d’un garçon de 2 ans. Cette pratique est bien adaptée à la période du « non ». En effet, les choix permettent à un enfant de ne pas prendre le mauvais pli du « refus » à tout va, accompagné parfois des mauvais gestes. Il voit qu’on le traite comme une petite personne qui a droit à la parole et perd l’habitude de s’opposer. On oublie aussi les questions fermées : « Veux-tu te dépêcher, il va bientôt pleuvoir » en les remplaçant par exemple par un « Vite ! on va rentrer à la maison en comptant les voitures ! Lesquelles choisis-tu, les rouges ou les noires ? ». Ou encore : « viens près de moi, on va jouer en marchant ! Veux-tu faire des pas d’ogre et moi des pas de souris, ou l’inverse ? » À cet âge, la curiosité et le jeu aident à faire oublier toute contrariété naissante.
Cela peut être très utile, quand la situation s’y prête, d’ignorer un enfant qui campe sur ses positions. « Tu pleures, tu cries parce que tu n’es pas content. C’est dommage car ça gâche la promenade mais ça va te passer. Moi, pendant ce temps, je continue à regarder ce qui est intéressant ici ». Exprimer ses sentiments en montrant à notre enfant que ses crises ne nous atteignent pas fait merveille à tous les coups. Le petit furibard comprend alors qu’il y a d’autres solutions que de s’opposer pour montrer qu’il existe.
Mon garçon de 3 ans est très mignon mais depuis qu’il en a pris conscience, il devient odieux et défie les adultes du regard. Il tire même la langue à ceux qui lui sourient dans le bus !
Les mots grossiers et les grimaces peuvent amuser les adultes un temps, mais cela cessera vite de l’être. « Ah ! j’ai fait un monstre sur pattes », déclare avec humour une maman qui voit sa fille de 3 ans refuser les bisous, lui crier qu’elle ne l’aime pas ou lui cracher dessus dès qu’elle est un peu énervée… Que peut-il se passer dans sa petite tête d’enfant ? Ces expériences lui servent à voir quelles réactions ses méfaits produisent. La personnalité d’un enfant se construit en effet au fil de ses expériences. Dans ces moments-là, la pire des choses est donc de rire, de se moquer, de traiter son enfant de bébé ou de le rejeter. « La première fois a été la dernière, explique un papa qui a vu son garçon cracher sur sa femme. Je me suis baissé, je l’ai regardé droit dans les yeux et sans montrer la moindre colère, je lui ai dit : plus jamais ça ! Comme il ne m’avait jamais vu aussi sérieux, il a été surpris et s’est jeté dans mes bras pour que je le câline. Ce que j’ai fait car l’émotion avait été sacrément forte ! »
Après une crise, un enfant a toujours besoin de réconfort, il se trouve si démuni ! Les câlins durant cette période sont très importants. « Dis, maman, est ce que tu m’aimes encore ? », a demandé un soir au moment du coucher un petit de 3 ans à sa maman. Il l’avait entendue raconter au téléphone leur dernière sortie au supermarché, qui s’était plutôt mal passée. Les émotions sont difficiles à cerner quand on est petit et c’est à nous de les rassurer, d’être à leur écoute. En dévoilant ses actes inadéquats hors du cercle familial, on lui ajoute du stress !
Pour lui montrer qu’il est capable de bien faire, il ne faut pas oublier de souligner ses bons comportements. « Bravo ! tu as été hyper gentil avec les invités ce dimanche » ou « tu as vu comme tu sais aller avec moi à la boulangerie sans me demander d’acheter un bonbon ? Je suis fière de toi ». Pensons aussi à laisser libres nos petits, dès que c’est possible. « Depuis que ma fille de 3 ans sait s’habiller seule, je la laisse faire même si elle part à l’école souvent mal fagotée ! Depuis, plus de crise du matin, finies les négociations pour mettre tel ou tel vêtement ». Éviter de s’énerver pour des petites choses qui vont se régler toutes seules en quelques mois, laisser son enfant lutter pour accrocher sa serviette à son cou plutôt que de le faire à sa place est un beau cadeau à faire à son enfant. Comme le raconte Maria Montessori, le bonheur c’est de faire seul.