Illustration de Kei Lam
La bulle des parents

Comment réguler le temps passé par mon enfant devant les écrans ?

SQ
Sandrine Q., maman de Lazlo 9 ans
15 octobre 2020

Mon garçon de 9 ans ne pense qu’à une chose : jouer à ses jeux vidéo. Je commence à me demander si ce n’est pas un problème. Plus rien d’autre ne l’intéresse et il sait très bien me montrer que tout ce que je lui propose l’ennuie !

Apprendre à réguler le temps d’écran de son enfant sans qu’il ne le vive comme une atteinte à sa liberté de jouer n’est pas facile Tout est affaire de dosage, de planning, d’organisation en amont… Les discussions parents-enfants éviteront bien des frictions.
1. Quel temps d’écran ?

Pas plus d’une heure par jour devant un écran, tous supports confondus à partir de 8 ans et 30 à 40 minutes maximum pour les 6-7 ans, telle sont les recommandations du CSA. Cela semble raisonnable pendant la semaine, puisque les enfants vont à l’école et doivent faire leurs devoirs avant le dîner. On peut aussi choisir, comme beaucoup de parents, de faire zéro écran durant la semaine, ce qui est tout à fait gérable vu le nombres de chose à faire au retour de l’école. Mais durant le week-end ou les vacances, il est aussi important de ne pas laisser son enfant associer temps libre et consommation d’écrans. « Chez nous, il n’y a jamais de télé ou de jeu vidéo le matin pendant les vacances. Ça nous oblige tous à avoir d’autres activités mais aller faire du skate ou du vélo avec les copains de vacances, ce n’est pas vraiment une corvée. Quant aux jeux ou visionnage de vidéos, c’est une fois, le soir, avant le repas pendant la semaine, et deux fois pendant le week-end ou les vacances. Une fois que ce rythme a été pris, on n’a pratiquement plus jamais eu de débordements. »

2. Des parents toujours à proximité

Glisser un petit mot à son enfant de temps en temps pendant qu’il joue est recommandé par bien des parents. « Je vois que tu avances bien en ce moment » ou « Dis donc, tu es sacrément concentré ». Les mini interventions évitent que les enfants déconnectent du monde réel. Une maman explique : « J’ai trouvé un rituel satisfaisant pour le faire atterrir en douceur ! Cinq minutes avant, je le préviens qu’il va bientôt être temps de s’arrêter. Ensuite, il vient me raconter ses exploits, en me donnant des nouvelles de l’avancée de sa partie de jeu vidéo, le niveau qu’il a atteint, le personnage qu’il a combattu… C’est une sorte de débriefing qui lui fait du bien, et ça me donne l’occasion d’avoir un certain savoir sur les jeux vidéo… même si je n’y joue pas ! »

3. Arrêter la partie de bonne façon

Comment éviter les moments de dispute, les négociations (« encore 10 minutes s’il te plaît… ») qui amènent les enfants à se sentir frustrés et incompris de leur parent qui « n’y connaît rien » et lui demande d’arrêter sa partie en cours de route... Il faut sans hésiter écouter les bons conseils d’un papa geek « Quand on est sur le point de terminer le niveau en cours, c’est très difficile de s’arrêter, même moi je n‘y arrive pas, raconte-t-il. Alors je reste compréhensif, mais ferme. Oui, mon enfant peut jouer un peu plus longtemps mais avec un accord : après ce petit excès, le lendemain le programme sera obligatoirement super allégé. » Comme on le voit, être souple n’est pas synonyme de laxisme. Le plus souvent, il faut juste laisser le temps à son enfant de sauvegarder sa partie pour que tout se passe bien. On peut aussi utiliser l’outil de contrôle parental qui existe sur certains jeux. Le temps de jeu est prédéterminé à l’avance par le parent sur la console, et la partie s’arrête automatiquement grâce à ce timer programmé. 

CD
Cédric D., papa de Sofia 8 ans et Sacha 6 ans
17 octobre 2020

Dans notre famille, on est tous des bons clients des vidéos YouTube rigolotes et on fait beaucoup de parties de jeux vidéo ensemble. Mes enfants de 8 et 6 ans aiment aussi avoir des échanges en visio avec leurs grands-parents sur ma tablette. Alors bien évidemment, si je regarde les recommandations sur le temps d’écran pour les enfants de cet âge, chez nous la limite est largement dépassée. Allons-nous les rendre dépendants aux écrans ?

Le programme d’activités des enfants n’est pas à prendre à la légère entre 6 et 10 ans. Avec les jeux de société, le bricolage, le sport, on limite ainsi les plages d’ennui. Celles-ci sont bénéfiques pour un enfant, mais elles peuvent aussi le faire se sentir anxieux et l’amener à se réfugier devant un écran. Tous ces jeux ont été conçus pour être addictifs. C’est ce piège qu’il faut éviter. Les jeux vidéo n’ont pas que des défauts, surtout s’ils sont partagés avec les parents. Ce n’est pas cela qui créera une dépendance. Des millions de familles dans le monde ont les jeux vidéo comme passe-temps favori. Selon l’OMS, c’est bien moins de 1 % des joueurs adultes et enfants qui souffriraient d’un vrai trouble mental en rapport avec cette activité. La vie de famille ne doit cependant pas tourner uniquement autour des écrans, souvent très pratiques pour occuper les enfants quand on veut être tranquille.
1. Les écrans coopératifs

Faire un jeu est valorisant pour un enfant, surtout s’il est partagé avec ses parents qui vont l’encourager, admirer sa vitesse de réaction, son astuce pour tenter de battre un record. « Le jeu vidéo sportif du dimanche matin, c’est notre rituel familial, c’est un moment joyeux » raconte un papa. « Ensuite, on se sent super en forme pour partir faire une balade à vélo ! » Le jeu vidéo n’a ici rien à voir avec les parties solitaires et interminables qui inquiètent tant les parents. D’où l’importance de ne pas les diaboliser et de les accueillir chez soi dans la pièce à vivre si c’est possible. Les jeux virtuels coopératifs permettent de passer de bons moments entre parents et enfants. Rire en partageant des situations rigolotes, courses d’obstacles d’oursons, concours de lavage d’assiettes, combats de bonhommes en papier découpés qui s’entre-découpent devient juste un loisir familial comme un autre. Qui n’empêche en rien de faire aussi des jeux de société en famille.

2. Les vidéos en famille

Téléphone, tablette, poste de télévision n’ont pas droit d’entrée dans la chambre d’un enfant. La raison en est simple : même si un contrôle parental est installé, la tentation sera toujours trop forte d’en abuser. « Mon fils de 10 ans a une nouvelle passion, il regarde des vidéos de joueurs de foot et sa petite sœur de 6 ans se met toujours avec lui, pour faire comme lui… Ça m’agace au plus haut point ! » explique une maman. Les vidéos des youtubeurs sont très addictives, c’est pourquoi les parents doivent déterminer des règles d’utilisation. La plus simple, c’est de suggérer à son enfant de choisir chaque jour entre une partie de jeu ou un temps sur YouTube. Les vidéos de youtubeurs à la mode se regardent en famille et avec modération, pour sensibiliser à la différence entre ce qu’on voit dans ces vidéos et la réalité, souvent très déformée ou caricaturale.

GM
Gaëlle M., maman d'Isaac 10 ans
07 novembre 2020

Mon fils de 10 ans se prend déjà pour un ado et je le surprends souvent à jouer en cachette, même le soir après le coucher. J’aimerais bien trouver un système pour éviter de surveiller ses faits et gestes, car l’ambiance à la maison s’en ressent !

Steve Jobs et Bill Gates, les grands inventeurs de la Silicon Valley ont toujours été vigilants à gérer le temps d’écran de leurs enfants. Chez l’inventeur de l’iPhone, il est même interdit d’avoir un écran à table ! Comme tous les parents, ils savent que les écrans incitent peu à la discussion et qu’ils sont nocifs le soir, car ils diminuent les heures de sommeil des enfants. Le plus difficile reste à leur apprendre à gérer leur temps d’écran de manière autonome. C’est sûrement la meilleure des méthodes.
1. Acheter la paix ?

Un système de récompense peut assez bien fonctionner : par exemple, on promet à son enfant qu’il pourra choisir la sortie du week-end qui lui fera plaisir, s’il ne dépasse pas les limites de temps d’écran qu’on lui a fixées pendant la semaine. On peut aussi utiliser un tableau de motivation, bien pratique : à chaque fois que l’enfant respecte une règle de la maison, le parent ajoute une croix sur le tableau. Sept étoiles d’affilée donnent droit à une séance d’écran supplémentaire. Ces systèmes ont certes quelques inconvénients : rajouter du temps d’écran et donner l’idée que jouer s’achète. C’est aussi la porte ouverte à d’interminables négociations : une bonne note ou bonne action contre une heure de jeu en plus…

2. Être responsable de son temps d’écran

Quand un enfant commence à jouer aux jeux vidéo, on lui pose des limites. On peut aussi le responsabiliser en lui demandant de se prendre en charge. Pour lui permettre de s’organiser comme il le souhaite, on peut placer un nombre défini de billes dans un petit pot dédié : il en prend une à chaque fois qu’il veut jouer 30 minutes. Certains enfants vont prendre 1 bille par jour, d’autres garder une réserve de 2 billes pour faire une grande séance le samedi soir. Ce système l’aidera à avoir un certain contrôle sur sa consommation d’écrans… tout en lui apprenant à se découvrir dépensier ou économe.

3. Adopter le permis à points

Le permis à point permet d’éviter au parent d’avoir à faire des remarques quand un enfant a des sautes d’humeur après avoir arrêté son jeu, par exemple… ou quand il a oublié une tâche journalière parce qu’il a préféré jouer... C’est un bon moyen pour lui apprendre à maîtriser son comportement. « Mon garçon de 10 ans maîtrise de mieux en mieux les règles que nous avons mises en place, grâce au permis à points affiché sur la porte de sa chambre. Le test de bon joueur qui l’accompagne lui permet de valider sa semaine de jeu et lui montre qu’il n’y a pas que dans ses jeux qu’il doit garder son sang-froid, maîtriser ses émotions et faire des bons choix. » Avec les jeux vidéo en effet, la gestion émotionnelle n’est pas à négliger. « Chez nous, on peut jouer, regarder la télé, sauf si cela nous rend irritables. Dans ce cas, on réduit le temps d’écran la semaine suivante et tout rentre dans l’ordre ! » Le permis à points peut permettre aussi aux parents de respecter les mêmes règles que leur enfant sur le temps d’écran, voilà qui peut être intéressant…

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