Co-dodo : bonne ou mauvaise habitude
Quand on est fatigués, c’est dur ! Ma fille de 15 mois se réveille au moins 3 fois par nuit… et je n’ai pas toujours le courage de rester à côté d’elle dans sa chambre. Alors oui, j’avoue que je suis tentée par le co-dodo, même si on me dit que c’est la facilité !
« Le lit des parents reste le lit des parents », disent les uns, « ça va en faire un enfant roi », affirment les autres… Écouter ces conseils quand on est au bout du rouleau est totalement contre-productif car les parents qui les donnent font sûrement partie des chanceux qui ont des enfants « gros dormeurs ». Ils n’ont rien de positif à apporter. Mieux vaut écouter ceux qui ont de l’expérience !
« Je me suis rapprochée d’adeptes du co-dodo et c’est en les écoutant raconter leurs nuits de sommeil paisible que j’ai pu choisir ce qui me convenait le plus », explique une maman débutante. Il y a en effet deux écoles : ceux qui dorment à trois dans le même lit, avec une maman qui allaite son bébé et qui suis les principes d’une éducation naturelle privilégiant autant que possible le contact direct, peau à peau avec son bébé, nuit comprise. L’autre pratique plus courante est celle du petit lit de bébé en « side car », accolé au lit parental. Il est ouvert sur un côté et permet d’être tout contre son bébé sans dormir dans le même lit. Dans les deux cas, l’ambiance sensorielle est au rendez-vous (odeur et rythme de la respiration des parents…) et c’est ce qui plaît tant aux bébés !
Le co-dodo est une pratique ancestrale qui paraît tout à fait normale aux parents asiatiques (88 % des enfants coréens partagent le lit de leurs parents jusqu’à 7 ans, 70 % au Japon où les enfants dorment sur le futon familial jusqu’à 3 ans entre leurs parents). C’est sans danger, à condition de dormir comme on le fait dans ces pays : matelas ferme et à même le sol, sans oreiller, ni couverture ni couette, dans une chambre à 18-19°C.
Le sommeil partagé sur un canapé, si on a consommé de l’alcool ou pris des somnifères est bien sûr à proscrire. Les futons côte-à-côte à la japonaise plairont beaucoup au bébé… peut-être un peu moins à ses parents. Rappelons que dans les pays où l’on n’utilise ni berceau ni lit à barreaux, les problèmes de sommeil du petit enfant sont assez méconnus… La raison étant que les enfants aux réveils fréquents ont toujours plus de chance de se rendormir en toute autonomie, rassurés de savoir leurs parents à proximité.
« Je suis une maman radar, je sais toujours où est mon bébé quand il dort avec nous », raconte cette maman d’un bébé de 10 mois. Il est d’ailleurs intéressant de savoir que l’OMS recommande, pour éviter la mort subite du nourrisson, de garder un bébé dans la chambre parentale durant les 6 premiers mois minimum (à ne pas confondre avec le « lit partagé »). Les risque d’accidents, comme écraser son bébé dans le lit parental peuvent arriver et sont souvent mis en avant par les détracteurs du co-dodo. Mais le plus souvent, ils sont dus au non-respect des règles de bases du sommeil partagé.
Je co-dodote avec mon petit depuis presque 8 mois et j’aimerais qu’il dorme seul maintenant. Le problème, c’est que dès que je le mets dans son lit, c’est la crise et mon mari s’impatiente !
Quel que soit l’âge de son bébé, il faut déjà lui parler du changement qui va avoir lieu et procéder par étapes, en installant d’abord son lit « de grand » dans la chambre parentale pendant un certain temps. Le lit sera petit à petit éloigné du vôtre, ce sera aussi à ce moment-là que vous installerez les premiers rituels (comptine murmurée, petite chanson à voix basse, ritournelle d’une boîte à musique…).
Les gestes et les mots réconfortant sont très importants : « c’est ton petit lit douillet », « oh que ton doudou est content de dormir avec toi ». Durant la journée, passez-aussi de temps en temps dans la chambre pour faire « coucou » au lit (sans poser son bébé dedans). C’est une bonne façon de faire comprendre à votre enfant que son petit lit est un endroit accueillant. Pourquoi ne pas aussi y installer un jouet en peluche qui va « dormir » un peu dans le lit, quand il est vide ?
Après l’étape du lit dans la chambre parentale, on passera le cap… de la chambre pour soi tout seul. La plupart des parents qui ont pratiqué le co-dodo acceptent aussi de rejoindre la chambre de leur enfant quand ce dernier les appelle au petit matin. « J’ai suivi les principes Montessori en installant un matelas dans sa chambre. Quand il m’appelle vers 5 heures du matin, je le sors de son lit à barreaux et nous finissons la nuit ensemble, sur le matelas », explique une maman d’un petit de 18 mois. Tout cela ne se fait pas en 3 ou 4 nuits et les « rechutes » peuvent être nombreuses… mais qu’on se rassure, cela ne durera pas jusqu’à l’adolescence !
Le co-dodo est un choix partagé par les deux parents, convaincus de son effet positif sur le bon développement émotionnel de leur enfant. Cela ne les empêche pas d’avoir des moments d’intimité. La maman d’une petite fille de 4 ans et d’un garçon de 6 ans raconte : « Mon conjoint et moi avons bien ri en admirant notre inventivité pour vivre notre vie de couple et de parents en simultané, surtout lorsqu’à un moment, nous avions ma fille-bébé avec nous et son frère dormant sur un matelas au pied de notre lit ! Mais soudain, le grand a voulu dormir dans sa chambre et on en a profité pour faire de même avec notre fille, en la ramenant dans sa chambre une fois qu’elle s’était endormie profondément dans notre lit. Tout s’est déroulé à merveille et elle était fière de faire comme son frère ! » Elle conclut ainsi : « Il faut s’écouter soi et sentir ce qui est bon pour son couple et ses enfants, au bon moment. »
Elle a 18 mois et il nous arrive, si elle est enrhumée ou se réveille très tôt le matin de la prendre avec nous dans notre lit, mais c’est rare !
Aimer dormir, c’est aussi aimer retrouver l’ambiance de sa chambre. Il est donc important de veiller, quand on est parent, à ce qu’elle ne soit pas uniquement associée au sommeil. Se retrouver en fin de journée dans la chambre avec son enfant pour un moment de lecture ou d’écoute de musique douce va laisser votre empreinte dans les lieux. À l’inverse, il est important de préserver la chambre parentale, qui n’a pas à devenir la salle de jeu préférée de son enfant. On y invite à dormir son petit enfant pour des moments de co-dodo qui ne dureront qu’un temps et seul le doudou est autorisé à pénétrer dans les lieux.
Il n’est pas rare qu’un enfant se réveille vers 5 heures du matin. Le laisser pleurer jusqu’à épuisement est bien sûr inimaginable de nos jours. En revanche, un enfant joue souvent en se réveillant avec sa voix, en « chouinant » quelques instants puis en chantonnant d’une voix joyeuse un peu plus tard. Ces exercices vocaux sont passionnants pour un jeune enfant. Qui plus est, ils lui font dépenser de l’énergie et l’amènent souvent à se rendormir. Inutile donc de se précipiter dans la chambre de son enfant pour le ramener dans votre lit. Le co-dodo occasionnel apaise les angoisses et l’aide à se rendormir, et c’est bien cela qu’il faut privilégier.