Illustration de Kei Lam
La bulle des parents

Parent solo : pourquoi est-il si difficile pour mon enfant de m’écouter ?

AS
Aurélie S., maman de Sohan 4 ans et Léna 2 ans
05 janvier 2021

Bonjour, j’ai deux enfants, mon garçon de 4 ans et ma fille de 2 ans. Je suis en garde alternée avec leur papa depuis juillet. Quand j’ai mes enfants avec moi, mon fils ne veut pas se laver, ni s’habiller, ni se coucher. C’est crise sur crise le matin et le soir. Le soir, je sors du travail à 18h30, le temps de les récupérer on arrive à 19h à la maison, c’est assez rythmé. En plus, sa sœur l’imite. Je ne sais pas quoi faire car je m’emporte et je craque. Merci pour vos conseils !

1. Instaurer des rituels

Les enfants aiment bien tester leurs parents quand ils sont en garde alternée et les rituels sont les meilleurs garde-fous pour leur apporter de la sécurité. La préparation de la soirée doit être rythmée mais sans stress, ni cris, chose qui n’est jamais facile à faire. Pour que passer d’une maison à l’autre ne soit pas trop dur émotionnellement, les parents s’organisent. Une maman de deux jeunes enfants a pris par exemple l’habitude d’instaurer une ambiance musicale tonique au moment du retour à la maison : « J’appelle ça la gym-bisous car on danse en se faisant des câlins et ensuite c’est musique douce jusqu’au soir. À l’heure du bain, je leur fais écouter une histoire. Ainsi ils sont lavés, séchés, mis en pyjama sans cris ou négociation car on discute de l’histoire qu’ils viennent d’écouter. Passé une certaine heure, je veille aussi à baisser ma voix et ils m’imitent ! J’ai l’impression que ces rituels nous relaxent tous les trois, on est comme dans une bulle ». Pour le moment du coucher, de bonnes astuces peuvent aussi rassurer les petits dormeurs, comme le plaisir de retrouver la même housse de couette dans les deux maisons, la même veilleuse… Il y a même des parents séparés qui utilisent la même lessive afin que l’odeur des draps frais soient les mêmes dans leurs deux maisons.   

EA
Eva A., maman d'Arthur 7 ans
28 avril 2020

Depuis peu, mon enfant de 7 ans refuse de m’écouter… sauf si je vais dans son sens ! Alors bien évidemment les conflits se succèdent, je sens qu’autour de moi tout le monde pense que je suis trop laxiste et je ne sais plus quoi faire.

Obéir comme un bon petit soldat est d’un autre temps et c’est souvent pour défier son parent qu’un enfant utilise cette « mauvaise » stratégie. Il n’y a bien sûr aucune recette miracle pour éviter ces agissements et ce n’est pas non plus en devenant de plus en plus sévère que tout s’arrangera. Optons plutôt pour des actions positives pour modérer ces réactions un peu trop émotives.
1. Demander trop souvent l’avis de son enfant

On peut parfois, sans s’en rendre compte, laisser son enfant avoir plus d’emprise qu’il ne faut sur soi. Un parent solo est souvent très à l’écoute de ses enfants car ce sont ses plus proches interlocuteurs. C’est bien sûr amusant et même attendrissant de choisir ensemble le lieu des vacances ou la couleur du nouveau canapé mais au moment de décider, c’est au parent que cela incombe ! Sinon un enfant va très vite penser qu’il peut décider de façon tout aussi censée que son parent, si ce n’est mieux et sur tout ! Le moindre refus deviendra alors source de conflit. Mieux vaut aussi éviter les « dis-moi si j’ai fait le bon choix » ou « je me demande si j’ai raison… » Les avis des enfants seront bien sûr toujours accueillis avec intérêt, mais dans des discussions ouvertes.

2. Donner des choix

Lors des périodes où un enfant se confronte à son parent, l’impression générale c’est qu’il n’écoute pas. Il joue et ne veut pas aller prendre sa douche, il est sous sa douche et ne veut plus en sortir, il sort de sa douche et refuse de ranger sa chambre avant d’aller dîner… La difficulté d’obéir à chaque demande de son parent vire alors au cauchemar pour ce dernier ! Il y a bien une raison : un enfant vit dans le plaisir immédiat jusqu’à environ 8 ans. Il subit les demandes de son parent comme des contraintes, contraintes toujours plus faciles à refuser dans le cocon familial qu’à l’école. Pour ne pas le laisser virer dans la « non-écoute », optez pour la méthode des choix. Exemple : « Aujourd’hui, je te propose douche rapide et rangement de chambre avant le repas, pour avoir le temps de jouer encore un peu après le dîner. Demain, l’inverse ! » S’il respecte ce planning, votre enfant sera alors sur la bonne voie, celle où il saura moduler son temps entre plaisir et contraintes de façon autonome. Bien des petits conflits inutiles et parfois trop envahissants dans la vie familiale d’un parent solo seront ainsi évités.

3. Mettre en place ses propres règles

En tant que parent solo, il nous manque une chose : celle d’avoir à ses côtés une deuxième personne qui confirme les règles de la maison auprès de votre enfant. Mais ce peut être aussi un avantage, car contrairement aux familles dites « classiques », où les avis peuvent diverger, chez vous les limites seront toujours les mêmes puisque c’est vous, rien que vous, qui les posez. Attention, par contre, à ne pas asséner trop de règles à votre enfant pour vous prouver que vous êtes un parent sévère. Deux ou trois règles essentielles à vos yeux vaudront toujours mieux qu’un trop-plein d’interdits. Ces règles seront plus faciles à respecter si vous les répétez en les formulant à l’identique à chaque fois, avec des mots clairs et des phrases courtes. Il suffit parfois de les écrire dans un cahier ou sur son mémo de téléphone portable pour ne pas les oublier, ni les modifier.

FJ
Floriane J., maman de Lily 6 ans
07 novembre 2020

Difficile de me faire obéir quand rien ne se passe comme je le voudrais pendant sa semaine chez son papa !

Bâtir un lien de communication efficace entre parents est primordial, car cela montre à un enfant que son éducation passe avant les problèmes personnels de ses parents. Ce n’est jamais chose facile mais c’est bien le respect et la cohérence des consignes qui fait comprendre à un enfant que le « oui » de son papa contre le « non » de sa maman ne le rendra pas plus heureux.
1. Établir des règles communes

Quel enfant, connaissant ses parents par cœur ne sera un jour tenté de profiter du fait qu’il a deux maisons, pour en jouer un peu ? Ce sera par exemple le refus de sa maman de lui acheter baskets neuves, accepté par son papa la semaine suivante. Inutile de montrer de la contrariété, cela ferait ressentir à votre enfant une sorte de victoire. Une fois prévenu, ce sera au papa de discuter sérieusement avec lui à son retour chez lui. Ces petites « affaires » promptement réglées permettront à un enfant de ne pas vivre la séparation de ses parents comme une incitation à désobéir. Il lui sera dit que son raisonnement a été astucieux, mais peu raisonnable. Un simple petit carnet à se faire passer, où sont inscrits informations, beaux efforts et petites contraintes est un excellent moyen pour que tout se passe bien dans les deux maisons.

2. Avec moi il obéit !

Quand on est déstabilisé par un enfant qui refuse d’obéir, on en parle à l’autre parent ou au professeur qui peut parfois vous faire endosser le (mauvais) rôle de celui qui ne sait pas faire. « Avec moi tout va bien, il obéit sans problème… » entendra-t-on. Ce n’est pas votre incapacité à vous faire obéir qui entre en jeu ici, seulement le fait qu’un enfant se pliera plus facilement à une personne qui est autoritaire, sans que cela soit synonyme de règle bien comprise. Nous lui apprendrons donc à aimer la discipline plutôt qu’à la subir, c’est ce que le prône Maria Montessori, grande pédagogue. « Un enfant a le désir de l’effort », nous dit-elle. Si l’on est un parent au caractère doux et intéressé par la pédagogie alternative, ces principes éducatifs sont intéressants, ils incitent un enfant à obéir naturellement, sans vivre dans la peur ou dans l’inquiétude d’un adulte dominant.

AG
Ama G., maman de Kayla 8 ans
28 octobre 2020

Après un bon samedi passé ensemble, pour le dîner j’ai refusé de commander sa pizza préférée à ma fille de 8 ans. Enervée, je lui ai sorti la fameuse phrase “avec tout ce que je fais pour toi”… Elle m’a répondu que je ne faisais RIEN pour elle ! Je ne la reconnais plus, avant pourtant elle acceptait mon autorité !

À un âge où les amitiés se périment aussi facilement qu’un paquet de tranches de jambon, un enfant découvre son pouvoir sur les autres et peut parfois blesser son parent sans comprendre l’impact que ses paroles peuvent avoir sur lui. Quant à ce genre de demandes, elles sont banales chez un enfant de cet âge, le tout est d’arriver à rester détaché lorsqu’on y répond par un refus.
1. Éviter d’être le parent punching-ball

Un simple petit moment de blues dans la journée peut parfois se transformer en guerre ouverte assortie de claquement de porte… Sans personne pour l’épauler, un parent solo doit accueillir la colère sans jugement, même si les mots font mal, et bien se dire qu’un enfant ne prend aucun plaisir à agir de cette façon. Il n’a trouvé, pour le moment, que ce mode de fonctionnement pour faire face à ses frustrations. Beaucoup de parents pratiquant le yoga utilisent la respiration profonde pour ne pas se sentir déstabilisé dans ces moments-là : fixer un point lointain en faisant 10 grandes respirations profondes permet de « reprendre ses esprits ». Cette pause permet aussi à son enfant de comprendre qu’il n’a pas atteint son but, celui de vous perturber.

2. Parler en son nom

« Tu m’as désobéi, tu me fais de la peine quand tu ne m’écoutes pas, tu vas me faire le plaisir de me parler autrement… » Quand on est un parent solo, il faut que son enfant ne prenne pas l’habitude d’obéir pour faire plaisir à son parent. Parler à la première personne, ne jamais donner une dimension sentimentale à sa demande : ce sera d’une grande aide pour son enfant. Donner une explication de la raison d’un interdit sera aussi et à chaque fois la bonne manière de procéder.

3. Pratiquer l’auto-empathie

Avoir peur des conflits conduit à les éviter, ce qui n’est pas bon pour le climat familial. Il n’est pas non plus recommandé de se démoraliser en éprouvant de la honte quand on ne réussit pas à se faire obéir par son enfant. Plutôt que de se dévaloriser, il faut savoir se féliciter lors de la moindre petite réussite et aussi accepter les défaites. « Je digère mieux les cris et refus d’obéir de mes deux garçons et aussi le regard des autres parents », explique une maman qui a sa propre technique apaisante. Dès qu’elle a une petite réussite ou quand l’ambiance est tendue, elle s’auto-congratule en serrant ses propres mains entre elles. « Ça me permet d’écouter ce que je ressens intérieurement, c’est ainsi que je prends soin de moi et je vais tout de suite mieux ! » dit-elle. Elle poursuit avec ce conseil : « En s’exerçant plusieurs fois par semaine, on finit toujours par trouver de l’apaisement ».

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