Une bonne vue pour mon enfant
Au cours de sa croissance, la vue de votre enfant évolue rapidement. Cette évolution est tout à fait normale. Il faut tout de même être attentif et respecter soigneusement les dépistages préconisés dans le carnet de santé de votre enfant aux 9ème et 24ème mois. Mais attention ! Trop de problèmes de vision sont détectés avec retard, au risque de compromettre la vision d’un œil et pour les enfants scolarisés, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Un parent averti…
Sommaire
Ce que tout parent doit savoir
Ses progrès étape par étape
• À la naissance
• À trois mois
• À quatre mois
• À six mois
• À neuf mois
• À douze mois
Des signes qui devraient vous alerter
• Il a un reflet blanc dans la pupille
• Il regarde toujours du même côté
• Il louche
• Il est distrait en fin d'après-midi
• Il confond certaines lettres
• Il cligne ou fronce des yeux pour regarder au loin
Activités et tests à télécharger
Ce que tout parent doit savoir
À l'école, 90 % des apprentissages font intervenir la vision. Dans ces conditions, il n'y a rien d'étonnant à ce que les enfants avec un trouble visuel soient davantage pénalisés que les enfants dotés d'une bonne vue.
Étant donné qu'eux-mêmes n'ont pas conscience de mal voir – ils ont toujours vu ainsi – n'attendez pas qu'ils se plaignent pour réagir. Voyez l'ophtalmologiste avant l'entrée en primaire (ou plus tôt en cas de signes suspects), particulièrement si vous ou votre conjoint avez des troubles de la vue car l'hérédité peut jouer. Enfin, ne négligez pas certains indices qui doivent vous mettre la puce… à l'œil !
Ses progrès étape par étape
À la naissance
Un nouveau-né voit, mais pas comme un adulte. Il est capable de distinguer un objet de 5 mm à 60 cm de lui ou un objet de 1 cm à 1,20 m, un autre de 2 cm à 2,40 m, etc. (ce qui correspond à une acuité visuelle de 1/20ème alors qu'un adulte normal a en moyenne 10/10ème). Autrement dit, un nouveau-né peut distinguer un visage, sans pour autant en voir les détails. De plus, un peu comme le cheval qui porte des oeillères, le nouveau-né distingue seulement ce qui se passe devant lui. Quant aux couleurs, il ne les apprécie pas encore et voit dans une palette de gris…
À trois mois
Sa vision s'est légèrement améliorée. Désormais, il est capable de distinguer un objet de 2 mm placé à 60 cm de lui (soit une acuité visuelle de 1/10ème). De son berceau ou de son transat, il aperçoit tout ce qui est devant lui, même si tout n'est pas encore très net. Il a repéré quelques objets qui l'intéressent (son biberon, un doudou, le visage de ses proches) et s'agite en leur présence. À trois mois, il est aussi capable de visualiser les couleurs vives.
À quatre mois
C'est la période à partir de laquelle il devient capable d'apprécier le relief et donc d'ajuster la position de sa main par rapport à un objet qu'il désire attraper.
À six mois
Sa vision ne cesse de s'améliorer : il a 2/10ème, ce qui est quatre fois mieux qu'à sa naissance. C'est assez pour qu'il remarque les quelques miettes qui traînent par terre. Il distingue désormais les couleurs primaires, peut suivre tout objet en mouvement et voit de mieux en mieux les reliefs, preuve que les images qui lui arrivent de l'œil droit et de l'œil gauche commencent à se superposer.
À neuf mois
Avec 3/10ème, il pourrait lire le journal s'il comprenait le langage des lettres ! Et son champ visuel s'agrandit puisqu'il commence à voir sur les côtés.
À douze mois
Avec 4/10ème, il voit huit fois mieux qu'à la naissance. Sa vision est panoramique, comme la nôtre, et il discerne parfaitement les mouvements. De même, il voit bien les couleurs, y compris les tons pastel.
Des articles pour en savoir plus
- Sa vue évolue (0-3 ans)
- Le dépistage visuel (3-6 ans)
- Contrôler sa vue (6-8 ans)
Des signes pour vous alerter
Il a un reflet blanc dans la pupille
Les médecins le recherchent dès la naissance et à l'examen du 8ème jour, car plus vite dépisté, mieux c'est. En effet, ce reflet peut annoncer une pathologie nécessitant beaucoup d'attention, comme par exemple une cataracte congénitale. Heureusement, il s'agit d'une éventualité rare : 1,25% des nouveaux-nés sont concernés et de plus la médecine a fait des progrès importants concernant leur prise en charge.
Il regarde toujours du même côté
N'hésitez pas à consulter l'ophtalmologiste si vous remarquez, par exemple, que lorsque vous appelez votre tout petit, il se tourne toujours du même côté pour vous regarder (idem s'il veut observer spontanément quelque chose). Autre «test maison» facile à faire : lui cacher un œil avec la main pour voir sa réaction, puis refaire l'expérience avec l'autre œil. Si sa vision des yeux est à peu près la même, il cherche à écarter votre main, mais sans plus. Alors que si l'un de ses yeux ne voit quasi pas, il proteste energiquement lorsque vous lui cachez son seul œil qui voit clair (mais il ne dit rien quand vous lui cachez l'œil déficient puisqu'il ne lui sert pas).
Il louche
Avant 3 mois, cela ne veut pas dire grand chose, mais si le strabisme persiste au-delà, il vaut mieux consulter. Idem si l'enfant tourne toujours la tête du même côté pour regarder, laissant craindre une très mauvaise vision d'un œil (amblyopie). Cela augmente le risque de strabisme car en cherchant à mettre au point l'image qu'il voit trouble, l'oeil touché a tendance à converger vers l'autre. Il prend aussi le pli de ne plus "travailler", le cerveau donnant la préférence aux images reçues de meilleure qualité. Or si l'aire visuelle de l'œil déficient n'est pas stimulée, la perte de vision de l'œil amblyope peut être définitive. C'est pourquoi il faut agir sans tarder : si le trouble est repéré suffisamment tôt – avant l'âge de 3 ans – les chances que cet œil voient un jour sont excellentes (proches de 100 %), alors que si rien n'est fait avant l'âge de 6 ans, ces chances diminuent fortement. Un vrai gâchis, d'autant que le traitement est bien rôdé : des lunettes avec un verre correcteur du côté de l'œil amblyope et un cache du côté de l'œil sain (pour obliger l'autre œil à travailler).
Il est distrait en fin d'après-midi
Le piège, c'est de tout mettre sur le compte de la fatigue de fin de journée, surtout si vous le levez tôt du fait de vos horaires de travail, alors qu'en fait votre enfant n'est pas distrait, ni gêné par un manque de concentration, mais tout simplement hypermétrope ! Comme ses yeux sont un peu trop courts, les images d'objets rapprochés se forment en arrière de sa rétine. Conséquence : il voit flou, à moins de faire un effort permanent pour mettre les images au point. À la longue, c'est fatigant. Et c'est pourquoi « distractions » et maux de tête sont plus fréquents en fin de journée… alors qu'avec une paire de lunettes correctrices, c'est gagné !
Il confond certaines lettres
Avant de craindre une éventuelle dyslexie, voyez d'abord l'ophtalmologiste. A fortiori si la confusion porte sur les lettres et les chiffres O, S, D, Q, G, 6, 9 et 8. En effet, ce type d'erreur laisse supposer que votre enfant est astygmate. L'astygmatisme est dû à une déformation de la cornée, qui est la membrane superficielle de l'œil. Ovale au lieu d'être ronde, une cornée déformée entraîne une vision floue de près comme de loin. Et ce trouble peut se surajouter à d'autres…
Il cligne ou fronce des yeux pour regarder au loin
Voilà qui peut évoquer une myopie, apparaissant volontiers autour de 8 ans. Comme l'œil est trop long, les images des objets éloignés se forment trop en avant de la rétine et la vision de loin est floue. D'autres signes peuvent y faire penser, comme des difficultés dès qu'il s'agit de recopier le tableau ou le fait de dessiner ou d'écrire, le nez collé au cahier. Autant de signes d'appel que vous ne pouvez plus ignorer !
Nathalie Szapiro, médecin
L'ASNAV, Association Nationale pour l'Amélioration de la Vue, est une association privée qui sert l'intérêt général. Elle a été créée en mai 1954 par les professionnels de l'optique oculaire. L'ASNAV a une double mission de prévention et d'information : la prévention au travers d'interventions auprès des acteurs de la santé et l'information auprès du grand public. L'Association se mobilise autour de thèmes de la vie courante qui permettent de sensibiliser l'ensemble de la population à la nécessité de la prévention pour conserver une vision de qualité. Elle est aujourd'hui une institution reconnue pour son action en faveur de la prévention pour la santé visuelle des Français. Elle est légitime pour agir auprès des autorités compétentes pour toute mission concernant le développement de l'information et la prévention des déficits visuels.
Pour toute information complémentaire, consultez notre site : www.asnav.org
(photos © Alinute Silzeviciute / Junial Enterprises / niderlander / Kurhan /Shutterstock.com, © Laurence Mouton et D.R.)
Activités et tests à télécharger
• Jeu d'observation : le jeu des différences (3-5 ans)
• Petit test : myope, hypermétrope, astigmate ? (5-7 ans)
• Illusions d'optique (5-7 ans)
• Mes lunettes et moi (6-8 ans)
• Mémo : attention à mes yeux
• Mémo : mes lunettes
À quatre ans, il voit quasi comme un adulte
Ce n'est qu'à l'âge de 4 ans, qu'un enfant (sans trouble visuel) voit à peu près comme un adulte : il a alors 10/10ème – ce qui veut dire qu'il est capable de percevoir deux points éloignés l'un de l'autre de seulement 3 mm de distance, à 10 mètres de lui – un large champ visuel, une bonne vision des couleurs et du relief. Il y a donc eu de grands changements depuis sa naissance où le bébé voyait uniquement devant lui, dans une palette de gris et de façon assez floue !
Idées reçues : ça abîme les yeux ou pas ?
• L'obscurité : non, contrairement à une idée reçue, regarder la télévision, lire ou écrire dans la pénombre n'a aucune incidence sur la vision.
• Les courants d'air : là encore, n'en déplaise à la croyance populaire, loucher dans les courants d'air n'a jamais provoqué de strabisme permanent !
• L'ordinateur : c'est surtout mauvais pour le poids – car pendant ce temps, l'enfant n'a pas d'activité physique – et le sommeil, si l'enfant joue sur son écran au lieu de dormir, mais l'ordinateur ou les consoles ne peuvent en aucun cas provoquer de trouble visuel, c'est prouvé. En revanche, cela peut révéler un défaut visuel jusqu'ici passé inaperçu car l'écran est très exigeant pour les yeux. Des yeux qui piquent, pleurent ou des maux de tête après un temps passé sur l'écran sont donc plutôt un bon signe d'appel.
• La myopie : l'enfant voit mal de loin et bien de près.
• L'hypermétropie : l'enfant a des difficultés à voir de près et voit bien de loin.
• L'astigmatisme : l'enfant voit de manière imprécise de près comme de loin. Il peut confondre des lettres ou des chiffres proches : h, m et n ; i, l et t ; 8 et 0…