Comment bien grandir ?
Votre enfant veut grandir et pour vous, le voir grandir est un bonheur. Assister, jour après jour, aux métamorphoses d’un enfant en devenir : quelle expérience unique ! Qu’on ait déjà élevé des aînés ou pas, qu’on ait un solide ou fragile savoir sur le sujet ne change rien à l’affaire : que d’émotions, de surprises et de questions. Premiers sourires, premiers pas, premiers mots, premieres colères, première rentrée des classes, premières amitiés, que de premières fois. Mais au fait, grandir/être grand pour votre enfant et pour vous, qu’est-ce que cela veut dire ?
Grandir c'est d'abord naturel !
Les plantes grandissent, les animaux grandissent, tous les êtres vivants grandissent ! Nous sommes « programmés » biologiquement pour grandir, étape par étape : vers six mois, lorsqu'il a le tonus corporel nécessaire, le bébé peut, par exemple, tenir assis puis plus tard se dresser et marcher…
Mais par rapport aux autres êtres vivants, loin d'être un adulte en miniature, le petit d'homme a besoin de plus de temps pour grandir. Il se développe grâce à la longue maturation de ses systèmes nerveux, sensoriel et moteur. Cette évolution physiologique naturelle rend les acquisitions possibles mais elle n'opère pas toute seule. Pour mettre à profit son potentiel, l'enfant a besoin de multiplier les expériences et les interactions avec son environnement. S'il est en bonne santé, l'enfant, du reste, ne se fait pas prier pour aller sans cesse de l'avant. C'est sa propre envie de sentir, d'explorer, d'imiter, de communiquer, de savoir qui donne l'élan. Dès la naissance, un enfant qui va bien est un enfant qui a envie de grandir.
Mais il ne grandit pas seul
La nature fait bien les choses… Il n'empêche qu'un enfant ne « pousse » pas tout seul. Fragile et dépendant à la naissance, il exige, des années durant, de l'aide pour grandir. En dehors des soins de base – alimentation, sommeil et hygiène – il lui faut un solide étayage affectif (avec des gestes et des mots « doux ») et une longue éducation pour se construire. « Les enfants des hommes sont les seuls jeunes êtres vivants qui veulent qu'on leur montre les choses ». Accompagner un enfant dans la découverte et l'apprentissage du monde, la tâche n'est pas simple.
Comment s'adapter aux attentes de chaque âge ? Comment respecter le rythme et le niveau de maturité de votre enfant tout en l'amenant à progresser ? Comment favoriser son épanouissement et sa créativité tout en lui transmettant des repères et des règles ? Autant de questions auxquelles on ne saurait fournir de réponses toutes faites. Rappelons seulement que l'enfant, à tout âge, doit « négocier » et trouver son équilibre entre deux mouvements contraires : d'un côté, il éprouve le besoin d'être protégé et rassuré, de l'autre, il a un désir de découverte et d'autonomie.
La vie - d'un enfant qui grandit - n'est pas un « ruisseau tranquille » !
« Allons, tu es grand ! » dit-on à un enfant quand il se chamaille avec un plus petit ou continue à sucer son pouce. « Je suis grand », pense l'enfant quand il repousse son doudou, va dormir chez un(e) ami(e), apprend à lire, passe des vacances hors de chez lui... À la fierté de l'enfant répond l'encouragement des adultes, attentifs à ce que l'enfant franchisse toutes les étapes si possible rapidement, et une fois pour toutes. Erreur ! En réalité, seule la croissance du corps est linéaire. Pour le reste, grandir implique des allers et retours, des avancées et des « reculades ». L'enfant qui grandit a besoin, à certains moments ou en certaines circonstances, de retrouver le tout petit qui demeure en lui : ce que certains ont tôt fait de qualifier de « régression » n'est souvent qu'une pause, un temps d'arrêt – de « latence », disent les psychologues – bien nécessaire. Mais heureusement, porté par l'envie de faire et de comprendre comme les grands, l'enfant connaîtra, à l'inverse, des périodes de maturation accélérée : aux adultes alors de nourrir son appétit de savoir et de soutenir sa recherche d'indépendance, quitte à prendre quelque risque.
Enfin, il est essentiel de se souvenir que chaque enfant est unique (Dieu merci !) et donc à chacun(e) son rythme…
France Cottin.
(photos © Carrie Bottomley ; Monkey Business Images / Shutterstock.com)
Un coup d'œil au dictionnaire :
GRANDIR
1. Devenir plus grand : comme elle a grandi ! > croître, se développer, pousser
• Figuré (personnes) grandir en sagesse, en vertu : devenir plus sage, plus vertueux (…)
2. Par extension. Gagner en autorité, en noblesse > s'élever (…)
GRAND
1. Dont la taille dépasse la moyenne (…)
2. Qui atteint toute sa taille et le développement psychique correspondant > adulte. Tu comprendras quand tu seras grand (…)
• Familier, les grands : les enfants les plus âgés, les adultes
Tout seul comme un grand : sans aide (…)
(Le Robert de la langue française)
Des mots qui font grandir !
Infans – qui a donné enfant – veut dire en latin celui qui ne parle pas. L'acquisition du langage est, de fait, un processus lent. Le nourrisson naît avec une sensibilité innée à toutes les langues humaines qu'il perdra au profit de ce qui va devenir sa langue maternelle. Dès 6 mois, l'enfant produit ses premières syllabes simples, redoublées et répétitives : « ba-ba, ma-ma… » Autour d'un an, les premiers mots surgissent. À partir d'un an et demi ou deux ans, se produit une véritable explosion du langage. Un flot de paroles !
Mais à une condition : parler c'est parler à quelqu'un ! À vous d'abord, et avec vous !... Sans aller jusqu'aux histoires « d'enfants loups », pour un enfant c'est la parole qui est d'or, pas le silence. Le langage est un trésor qui se transmet et se partage : grandir, c'est donc aussi entendre vos deux voix dès le matin, écouter les histoires que vous vous racontez le soir, les vôtres, les siennes !