Des écoles différentes
De nombreux parents se posent la question d’une scolarité différente pour leur enfant et certains souhaitent une école « alternative ». Une école qui serait attentive aux rythmes de l'enfant, qui respecterait mieux ses stades de développement, qui ferait la part belle à ses initiatives et à ses goûts.
Quelles différences ?
Même si elles ont chacune leur spécificité, toutes ces écoles font partie d'un même courant pédagogique, celui des méthodes « naturelles ».
Les enseignants des écoles Freinet partent du principe que les enfants ne sont motivés que lorsqu'ils travaillent sur des projets visant des réalisations (journal scolaire, exposition, comédie musicale...) dans des situations de communication réelle. Les apprentissages sont fondés sur des situations « vraies », qui leur donnent du sens. Par exemple, l'enfant s'exercera à l'expression écrite, non pour écrire une rédaction, mais pour rédiger un article pour le journal de la classe ; il apprendra à compter, non pour faire des opérations, mais pour calculer la recette de la fête de l'école...
Si ces écoles sont les plus connues, ce ne sont pas les seules. La « pédagogie institutionnelle » reprend les techniques Freinet tout en accordant plus l'importance à la définition des règles, à la structuration de la classe et à l'utilisation de médiations (par exemple, l'évaluation par le biais de couleurs sur le modèle des ceintures de judo...).
Pour les enseignants Montessori, chaque enfant passe, selon un rythme qui lui est propre, par des « périodes sensibles » pendant lesquelles il peut apprendre très rapidement à condition d'en avoir l'occasion parce qu'il se trouve dans un milieu favorable. Chaque classe Montessori accueille donc des enfants d'âge mélangés (3-6 ans) et met à leur disposition des activités (le célèbre « matériel montessori ») leur permettant de réaliser tel ou tel apprentissage à leur rythme tout en échangeant avec les autres. Le travail est essentiellement individuel, l'atmosphère est faite de calme et de concentration.
La pédagogie Steiner est fondée sur le jeu libre et créatif, les travaux manuels, les contes et les ondes, l'utilisation de jeux et de matériaux volontairement peu structurés de façon à développer l'imagination. L'ambiance est familiale. Contrairement à certaines rumeurs, les écoles Steiner ne sont pas des sectes, mais le fait qu'elles s'appuient sur la philosophie particulière de leur créateur (« l'anthroposophie ») et l'importance donnée au spirituel peuvent poser problème à certains.
L'école Decroly part du principe selon lequel les apprentissages doivent partir des expériences concrètes des enfants, de ce qu'ils ont vécu, vu, touché, expérimenté, et le fait que l'enfant apprend « globalement » : il faut toujours lui donner une idée complète, une vision générale du sujet traité, avant de passer aux détails, aux particularités, à l'analyse.
Quelle transition vers le système traditionnel ?
Des chercheurs ont comparé les résultats d'élèves issus d'écoles alternatives et d'écoles standards, intégrant ensuite le même établissement au collège et au lycée. Pendant les premiers mois, une partie des élèves des écoles alternatives ressentent des difficultés d'adaptation pouvant se traduire par des résultats plus faibles que ceux de leurs camarades issus des écoles standards. Mais six mois plus tard, la tendance s'inverse, et en fin d'année, leurs résultats sont globalement plutôt meilleurs.
De façon plus générale, plusieurs études convergent sur le fait que les élèves des écoles « différentes » acquièrent davantage d'autonomie, d'estime de soi, d'adaptation à des situations nouvelles et de créativité.
Questions pratiques
La plupart des écoles « différentes » reçoivent beaucoup de demandes : il est référable de s'inscrire longtemps à l'avance.
Dans toutes les écoles « différentes », la participation et l'engagement des parents sont très sollicités.
Les écoles Montessori et Steiner sont privées (coût : 500 à 600 euros par mois).
Les enseignants Freinet exercent presque tous dans l'enseignement public.
Marie-Laure Viaud, agrégée d'histoire et docteur en sciences de l'éducation, est actuellement chargée de recherche au service l'histoire de l'éducation (INRP). Elle a publié Des collèges et des lycées différents (PUF, 2005) et Une école différente pour mon enfant ? (Nathan, 2008).
Célestin Freinet (1896 – 1966) : instituteur, il fonde en 1923 la Coopérative de l'Enseignement laïc (CEL), puis crée sa propre école expérimentale à Vence en 1935. Ses positions et ses techniques pédagogiques (apprentissage par l'expérience, imprimerie et correspondance scolaires…) ont inspiré plusieurs réformes de l'enseignement.
Maria Montessori (1870 – 1952) : première Italienne médecin, elle se consacre d'abord à l'éducation des enfants handicapés. En 1907, elle fonde à Rome la casa dei Bambini, qui prône la reconnaissance des potentialités de chaque enfant, l'aide appropriée de l'adulte et l'adaptation de l'environnement et du matériel éducatif.
Et les écoles bilingues ?
Les écoles « alternatives » proposent souvent un apprentissage précoce d'une langue étrangère, majoritairement l'anglais, en partant du principe que l'enfant peut assimiler celle-ci avec beaucoup plus de facilité quand il est très jeune.
Dans le Sud de la France, les écoles calendretas (privées, sous contrat, ou laïques et gratuites) proposent un enseignement bilingue français-occitan qui s'appuie sur des pratiques inspirées de la pédagogie institutionnelle : échanges « quoi de neuf », écriture de journaux scolaires, auto-évaluation, parrainage entre enfants, ateliers décloisonnés, etc.
En revanche, les autres réseaux d'écoles en langue régionale (les ABCM, écoles bilingues en Alsace et Moselle, les écoles Diwan en Bretagne), ainsi que la plupart des écoles privées proposant l'apprentissage d'une langue étrangère, ont un fonctionnement pédagogique plus classique.