pédagogies alternatives
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Points forts des pédagogies alternatives  

Au début du siècle dernier, de grands pédagogues ont attiré l’attention sur toutes les potentialités inexploitées des enfants et ont tenté d’humaniser l’enseignement. La plupart d’entre eux appartenaient au mouvement de l’Éducation Nouvelle. Adolphe Ferrière et Ovide Decroly en furent les co-fondateurs, entraînant dans leur sillage de nombreux pédagogues, John Dewey, Maria Montessori, Édouard Claparède, Célestin Freinet et tant d’autres !

Les méthodes et grands principes de chacun ont bien sûr leurs particularités mais le socle de ces pédagogies est commun, avec ces points forts :

  • Les enfants n’apprennent bien qu’en manipulant, jouant, faisant des expériences de la « vraie » vie.
  • Les enfants sont toujours au centre.  
  • Le bien-vivre ensemble, l’esprit démocratique et solidaire sont des outils éducatifs qui donnent aux enfants un vrai plaisir d’apprendre.

Voici les grandes lignes des pédagogies alternatives les plus emblématiques.

Decroly

Le nom de la première école de ce pédagogue belge résume bien sa méthode d’enseignement : « l’école pour la vie, par la vie ». Ici prime l’apprentissage par le jeu, les expériences et les activités manuelles dans le principe de la « globalisation ». Cela signifie qu’au lieu d’un pas à pas laborieux, on se plonge dans un sujet passionnant et les besoins de s’informer imposent d’eux même d’acquérir des notions plus précises. Pour comprendre, par exemple, comment une plante pousse, plutôt que d’apprendre une leçon dans un manuel après des recherches, les enfants dessinent, découpent, collent sur une affiche les informations qu’ils ont trouvées dans des revues. Tous les apprentissages partent des centres d’intérêt des enfants en les laissant assouvir à fond leur curiosité sur chaque sujet traité et avec les plus grandes possibilités d’expressions possibles : dessiner, chanter, bricoler, écrire des poèmes, faire des listes… Par exemple, mesurer se fait d’abord avec la main ou le pas, avant d’utiliser les outils conventionnels par besoin de plus de précisions. Ovide Decroly est aussi à l’origine des jeux « didactiques » (lotos, mémos), qu’il a conçus avec les enfants de son école. De nos jours, ce matériel a toujours sa place autant à la maison qu’à l’école car c’est un des meilleurs pour les acquisitions de base (associer mot et image, compter, classer). 

Freinet

La pédagogie de Célestin Freinet est encore très pratiquée dans les écoles maternelles et élémentaires. Dans une vraie méthode Freinet, l’élève est au cœur du projet éducatif, considéré comme un être responsable, autonome, à la libre parole. Son besoin de communiquer, de s’ouvrir sur le monde l’incite à apprendre naturellement à lire, écrire et compter. Un système de plans de travail et de fiches autocorrectives remplace les manuels scolaires et permet aux enfants de s’améliorer sans compétition, en tâtonnant et en se perfectionnant à leur rythme. La coopération entre élèves est elle aussi très organisée et de nombreux outils dont le conseil des enfants, les métiers des élèves ou le « quoi de neuf » permettent à chacun de se sentir important pour le groupe. La méthode naturelle d’expression est proche de celle de Decroly et montre à quel point une langue parlée, écrite et lue à partir d’expériences « tâtonnées » permet d’acquérir l’orthographe de façon spontanée et sans subir une connaissance minutieuse des règles de grammaire.

Reggio

Loris Malaguzzi a mis au point après la Seconde Guerre mondiale, en Italie, son « anti-méthode » traditionnelle d’apprentissage. Elle connaît un franc succès de nos jours aux USA et en Europe. Comme l’a proclamé Malaguzzi dans un grand poème, les enfants sont dotés de « 100 langages ». C’est à partir de ses diverses possibilités de s’exprimer qu’un enfant prend conscience de sa propre créativité et qu’il crée en explorant « différents langages ». Les enfants d’école maternelle sont invités à faire toutes sortes d’expériences à partir d’éléments naturels ou de récupération nommés « loose parts ». Pour exemple, lorsqu’un enfant s’intéresse aux chiffres, il peut travailler à partir d’une « invitation ». C’est un plateau sur lequel est déposé du matériel (pâte à modeler, des coquillages, des graines, un dé) et une carte sur laquelle est inscrit un nombre… Libre à l’enfant de travailler ensuite comme il l’entend, en modelant le symbole numérique, en faisant un mandala de graines espacées de cinq en cinq, des piles de cinq coquillages… Chaque projet personnel peut ainsi l’amener à compter, écrire, construire… sans l’intervention d’aucun enseignant. Ces derniers sont plus des partenaires d’ailleurs que des guides. Ils suivent les avancées de chaque enfant chercheur-inventeur et les assistent en cas de demande. L’environnement est le « troisième professeur ». Le cadre de l’école est lumineux, avec des miroirs, des plantes, des éléments naturels qui donnent envie de faire du « beau » avec peu de choses. La récupération, la transformation de matériaux pauvres en magnifiques créations est en effet à la base de cette pédagogie.

Steiner

La méthode éducative Steiner est très développée chez nos voisins allemands et dans les pays scandinaves car elle correspond à leur style de vie, avec une forte relation à la nature et une culture du corps associée au bien-être. En France, cette pédagogie est souvent critiquée car ses méthodes d’apprentissages sont parfois difficiles d’approche pour ceux qui ne la connaissent pas. Dans ces écoles, tout est très ritualisé : la semaine en maternelle est une suite d’activités organisées, chargées d’assurer la sécurité affective des jeunes enfants : le jour de la balade en forêt, le jour du pain, le jour de la peinture. À chaque fois, les enfants célèbrent le bonheur que l’activité de la journée leur procure, avec des chansons ou des remerciements en lien avec les 4 éléments, l’eau, l’air, la terre, le feu. Le jeu libre a priorité, les matériaux sont les plus naturels possibles, foulards en soie de couleurs, craies en cire d’abeille, lutins en feutre, balles en laine naturelle… Ce sont quasiment les mêmes depuis l’origine. Pour l’acquisition des connaissances, une grande place est faite à la danse, aux récits imaginaires, aux activités manuelles, au dessin (« l’ars lineandi » ou art de la ligne, qui met en éveil tout le corps). Tout comme les contes et les légendes, les fêtes ont une grande importance dans la pédagogie Steiner. La Saint Martin, la Saint Jean, et bien sûr Noël sont des fêtes qui aident les enfants à ressentir le temps qui passe et les changements de la nature à chaque nouvelle saison. La table des saisons, marquant le changement de solstice est aussi très représentative de la pédagogie Steiner. C’est une sorte de petit autel où l’on installe des éléments naturels en rapport avec la saison. Chaque école, chaque maison appréciant cette pédagogie a le sien.

Fröbel

Ce pédagogue allemand de la fin du xixe siècle est peu connu en France, contrairement à l’Allemagne et autres pays du Nord. Il est l’inventeur du « jardin d’enfants », terme qu’il a choisi pour signifier que les enfants, tels des jeunes plants ont besoin autant d’affection que de bonne nourriture « intellectuelle » pour bien s’épanouir. Son matériel, nommé les « dons » est toujours utilisé de nos jours dans les jardins d’enfants allemands. Les « dons » sont des boîtes de blocs de bois de différentes tailles qui se combinent pour développer tout autant l’esprit d’observation et de logique que l’imagination créatrice. Ces outils inculquant de premières notions de mathématiques s’accompagnent de jeux (bâtonnets, mosaïque, perles) et de chants qui laissent au jeune enfant la possibilité de découvrir tous les moyens d’actions qu’il peut avoir sur les choses, tout en acquérant dextérité et patience. Au temps de Fröbel, dans chaque jardin d’enfants la culture de petits terrains personnels incitait aussi les élèves à s’intéresser à la nature et à l’aimer. Pour bien saisir le sens de cette pédagogie, on peut la comparer avec celle de Maria Montessori. Quand cette dernière présente un cube à un enfant, elle le nomme avec un vocabulaire précis et utilise la forme géométrique de ce cube pour le comparer à d’autres, sans association avec des objets de la réalité. Fröbel quant à lui montre à un enfant qu’un cube qui se divise et se mélange peut servir à construire un banc, un immeuble, un fauteuil. Il relie une notion mathématique au plaisir spontané du jeu.    

En conclusion

Toutes ces méthodes ont été élaborées par des scientifiques, universitaires ou « génies de l’éducation ». La rigueur de chacun de leur système éducatif est invisible aux yeux des enfants. Grâce à cela ces derniers sont libres de s’investir à fond, d’être naturellement, jour après jour, dans le plaisir d’apprendre. Là est la clé de toute bonne méthode éducative.

Friedrich Fröbel 1782-1852 - Rudolf Steiner 1861-1925 - Ovide Decroly 1871-1932 -  Maria Montessori 1872-1952 - Célestin Freinet 1896-1966 - Loris Malaguzzi 1920-1994

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