L'école après l'école
Pourquoi pas, mais à condition d’éviter la « surdose » et encore plus d’en faire une « contre-école ». Vous avez confié votre enfant à d’autres, qui dit confier dit confiance. Et puis, il y a un juste équilibre à trouver entre revoir la journée passée et anticiper la journée à venir. Pour vous, les maîtres mots de l'école à la maison seront : écouter, rassurer, encourager et préparer !
Le bon moment pour en parler
La journée de crèche ou d'école se termine. Votre enfant vient de passer plusieurs heures emplies d'activités, de découvertes, de sensations et de rencontres et cela sans votre présence. Vous l'interrogez sur cette journée passée, mais est-il disponible pour répondre à ses parents curieux ou soucieux ? Est-il expansif ou préfère-t-il garder l'école comme un « jardin secret » ? Inversement, pas toujours facile pour des parents de se sentir disponibles le soir, après une journée de travail, pour écouter ses babillements ou le compte-rendu de sa sortie scolaire. Il vous faut donc trouver ce moment privilégié pendant lequel vous pourrez le questionner tranquillement ou le laisser évoquer ses sentiments. Pourquoi ne pas attendre le week-end ? L'important est de tisser un lien entre ses journées d'école et la vie de la maison : attendre le bon moment, lui proposer quelques pistes d'échanges ouverts qui ne se réduisent pas aux sempiternels « la maîtresse a été gentille ? » ou « tu as été sage ? ». On peut discuter aussi des copains, du repas du midi, des récréations. À vous également de sentir la fréquence de ces moments de discussions qui sont essentiels pour votre enfant : il sent ainsi votre présence et votre attention sans que celles-ci soient systématiquement tournées vers des enjeux (ses résultats ou son rapport à l'adulte ou aux autres). Laissez-le parler sans le « faire parler » !
À chacun son métier
« Oui mais la maîtresse a dit… ». Quel parent n'a pas entendu cette phrase lors des devoirs ou des révisions ? Vous vous sentez un peu exclus d'une relation « maître-élèves » ? C'est souvent le cas et c'est très bien ainsi. Pour votre enfant, le professeur représente, le plus souvent, le référent des savoirs. Et puis, pour vous, jouer à la maîtresse ou au maître, est-ce la bonne solution ? Votre enfant a-t-il encore envie après 18 h ou le dimanche de jouer encore à l'élève ? Pour aider votre enfant, la meilleure attitude est de ne pas se substituer à l'enseignant. En voulant ressusciter l'école et les méthodes de votre temps – le « bon vieux temps » -, vous pouvez sans le faire exprès apporter plus de confusion que de clarté. Par contre, développer son esprit logique, sa rapidité en calcul ou son anticipation à travers le jeu, là n'hésitez surtout pas !
S'éveiller, jouer et « ré » apprendre !
Avez-vous remarqué que la crèche ou la classe des petits sont de formidables salles de jeux ? Ici tout n'est qu' « éveil » : on découvre les couleurs et les formes, les matières au toucher, les sons et la musique, les premiers nombres et leurs comptines… À votre tour, vous pouvez prolonger cet éveil joyeux à la maison : munissez-vous des premiers jeux (cubes, mémos, lotos, puzzles), créez, dans sa chambre ou dans le séjour, un coin dessin avec les mêmes gros feutres qu'à la maternelle ou un petit tableau et sa craie, jouez au loto des odeurs en lui bandant les yeux pour qu'il retrouve les saveurs de la cuisine, inventez de nouvelles comptines… et surtout lisez-lui des histoires, encore des histoires… Ce principe est valable aussi pour les plus grands : après une journée d'enseignement plus exigeant, l'idée n'est pas d'en faire plus mais de le faire autrement et avec vous, tout simplement.
Apprendre à apprendre
Chez les petits comme chez les grands, apprendre demande de savoir apprendre : à la maternelle, votre enfant doit composer avec un grand groupe d'enfants et doit savoir passer du « je » au « nous ». Au CP, l'école lui demande une certaine autonomie et une autogestion de ses affaires ou de son emploi du temps : on peut donc tout simplement l'aider à devenir autonome à la maison à travers des petites tâches quotidiennes : s'habiller tout seul, préparer son sac de piscine, son goûter ou pour les plus grands, prévoir un emploi du temps hebdomadaire pour ses activités, lui remettre ses propres clés, lui faire confiance sur le chemin de l'école… Plus votre enfant deviendra autonome à la maison, plus il le sera à l'école et dans ses apprentissages.
Isabelle Petit-Jean, mariée, mère de 3 enfants. Professeur des écoles, enseignant dans le XXème arrondissement. Auteur puis directrice de la collection parascolaire « Je comprends tout » aux Éditions Nathan.
Pour les plus petits : se déplacer sur un plateau, trouver directement le nombre affiché par un dé, calculer le total de 2 dés, rien de tel pour développer l'esprit mathématique.
Tout le monde connaît le traditionnel jeu de l'oie ! Alors pourquoi ne pas créer avec votre enfant son propre jeu, en lui faisant dessiner un cheminement de quelques cases, d'un départ à une case d'arrivée ? Ponctuer certaines cases de pièges bien à lui (avance de 2 cases, recule de 1, prend la place de l'autre joueur, réponds à la devinette…), créer des passages secrets. Décorer le tout et se lancer dans la partie avec votre enfant qui est enfin le maître du jeu !
Pour les plus grands : en voiture, demandez-lui de trouver un nombre de kilomètres plus grand que 40 et plus petit que 50, avec deux chiffres identiques. Chez le dentiste ? un jeu de rimes en « ette » comme roulette. Après la lecture du soir, faites-lui inventer la suite… Lire, calculer ou écrire ne sont plus alors des enjeux mais des jeux ! Le week-end, une partie de Monopoly ou de Yam's permettra de le faire calculer. N'oublions pas le français et son orthographe si difficile : à travers des jeux tels que des mots croisés ou des « petits bacs », des devinettes ou des défis chronométrés (écris 10 noms de légumes en 2 minutes, trouve 5 verbes commençant par « p »…)
Pour les périodes « sans école » - petites et grandes vacances – votre enfant dès 3 ans se prête de bonne grâce à retrouver une attitude plus scolaire assis à une table avec cahiers et crayons. Alors aucune raison de se priver des cahiers d'entraînement ou de vacances qui de façon plaisante lui feront retrouver les gestes d'apprentissage et quelques connaissances qui s'effacent si vite à cet âge. Pensez aussi aux sites ludo-éducatifs qui proposent des exercices plus motivants pour votre enfant que des copies de mots ou de chiffres. L'important dans tous les cas sera de plus valoriser ses réussites que ses échecs.