Comment apprendre grâce aux «gestes mentaux» ?
Basée sur des exercices qui aident à la mémorisation, la méthode des gestes mentaux améliore sans conteste le travail à la maison et l’apprentissage des leçons par cœur. Elle permet aussi à un enfant de bien se connaître et d’utiliser la gestion mentale en classe quand il le juge nécessaire. Rien de mieux que de s’entraîner aux gestes mentaux à la maison car il faut prendre son temps et être au calme pour bien les intégrer.
Antoine de la Garanderie (1920-2010), chercheur en pédagogie… et mauvais élève malgré lui !
Ce philosophe et pédagogue est parti de son expérience personnelle pour montrer que nous sommes tous différents dans notre façon « d’apprendre à apprendre ». À l’âge du collège, ses bonnes notes s’effondrent soudainement à la grande surprise de ses professeurs. Ils s’aperçoivent qu’il est devenu malentendant suite à une maladie. Pour reprendre pied, le collégien s’attache à trouver une façon personnelle d’apprendre, plus visuelle qu’auditive. Devenu professeur de philosophie, il mène des recherches pour comprendre la façon dont chacun procède pour apprendre. Ses travaux aboutissent à la théorie pédagogique de la « gestion mentale », désormais connue dans le monde entier et appliquée en classe par nombre d’enseignants.
Comment faire dans ma tête
Comment fait-on pour apprendre ? Pour retenir un mot, une règle, un nombre ? Les gestes mentaux vous nous y aider. On propose à son enfant d’« évoquer » ce mot, cette règle ou ce nombre, c’est-à-dire de s’interroger sur la manière dont son cerveau le lui fait apparaître lorsqu’on l’évoque devant lui. L’évocation qui lui vient est-elle visuelle (l’information s’affiche dans sa tête sous la forme d’une pancarte), auditive (il entend raconter avec sa voix ou celle d’une autre personne) ou kinesthésique (il scénarise l’information en se voyant agir comme un grand reporter) ? L’enfant s’entraîne ainsi à percevoir l’image qui s’est « affichée » dans sa tête en la faisant disparaître, puis revenir dès qu’il « l’appelle ». L’image mentale se fixe alors dans la mémoire, prête à être restituée à la demande.
Passer un peu de temps avec soi pour acquérir cette méthode n’est pas forcément facile. C’est pourtant le moyen de découvrir d’autres façons d’apprendre, moins classiques que celle de juste ouvrir ses oreilles pour enregistrer une information, et peut-être plus efficaces. Ce mode de mémorisation s’apprend avec l’aide des parents car seul un entrainement régulier permet d’avoir des évocations-perceptions-restitutions riches et automatisées.
- L’attention fait exister dans sa tête l’information venue de l’extérieur (j’apprends ma leçon en la « codant » de façon visuelle, auditive ou kinesthésique).
- La mémorisation sert à stocker à long terme (je fais revenir plusieurs fois de suite l’information sous la forme d’images mentales… puis régulièrement pour être sûr(e) de l’avoir bien retenue).
- La compréhension sert à restituer ce que l’on a appris (je compare la nouvelle information avec d’autres plus anciennes et j’ai la capacité de trouver des différences ou des ressemblances avec ce qui est nouveau et ce que je sais déjà).
- La réflexion permet d’aller chercher d’anciennes informations pour les relier à une nouvelle (avant un exercice, je sais prendre un temps pour aller fouiller dans ma mémoire pour retrouver ce que j’ai déjà appris).
- L’imagination créatrice sert à mobiliser ses connaissances pour faire face à quelque chose de nouveau (pour faire une rédaction, il me suffit par exemple d’appeler dans ma tête les notions de grammaire et d’orthographe que j’y ai stockées).
Faites le test !
Pour faire ressortir le profil dominant d’un enfant, c’est-à-dire (a) visuel, (b) auditif, (c) kinesthésique, aiguillez-le ainsi :
1. Quand je te dis de penser à Superman… vois-tu :
- (a) son image,
- (b) l’entends-tu te parler,
- (c) te vois-tu en train de voler à ses côtés ?
2. Quand tu lis une histoire sans images… vois-tu :
- (a) les héros dans ta tête,
- (b) entends-tu les personnages se parler,
- (c) te sens-tu prêt à entrer dans l’histoire pour y participer ?
Quand il apprend une leçon :
- un enfant « visuel » l’imaginera tel un film (a),
- « l’auditif » la lira à voix haute ou la fera lire à quelqu’un (b),
- « le kinesthésique » aura besoin de bouger et de ressentir des émotions pour retenir ses leçons (c).
Voici de bonnes astuces qui favorisent le « par cœur » de celui ou celle qui a choisi la gestion mentale pour faire ses devoirs :
- Le visuel fera des fiches claires avec des schémas explicatifs.
- L’auditif révisera ses leçons à haute voix, plusieurs fois de suite ou en chantant.
- Le kinesthésique inventera des petits scénarios avec quelqu’un, pour donner vie à la leçon.