La parentalité positive : être parent autrement
La parentalité est-elle un métier dédié aux besoins de son enfant ou tout simplement une façon de vivre en famille de façon plus réfléchie, plus ouverte sur les sentiments, émotions et besoins d’indépendance d’un jeune enfant ? La réponse se trouve sûrement dans toutes les petites choses simples qui sont au cœur de la parentalité positive, si proche des principes éducatifs des grands pédagogues Montessori, Freinet, Pikler…
Qu’est-ce que la parentalité positive ?
La parentalité positive aussi connue sous le nom d’éducation bienveillante, est une approche de l’éducation des enfants basée sur l’écoute et la compréhension de l’enfant. L'objectif n’est pas d’instaurer un rapport de force entre les parents et leurs enfants, mais au contraire, de mettre l’enfant sur un pied d’égalité en prenant en compte ses émotions et en les accompagnant du mieux possible.
À l’inverse, la parentalité positive ne signifie pas éducation laxiste. Il est important de poser des limites à l’enfant. La différence, c’est qu’avec l’éducation positive, le parent va aider l’enfant à gérer la frustration générée par ces limites.
Qui sont les principaux experts de la parentalité positive ?
La parentalité positive n’est pas un concept nouveau. Plusieurs experts de l’éducation la mettent en avant.
Maria Montessori
Maria Montessori et le fameux « Aide-moi à faire seul » qui amène l’enfant vers plus d’autonomie. Ce déroulé s’adapte à tous les gestes du quotidien : laçage, boutonnage, habillage, lavage des dents… Je te montre comment remplir et transporter un verre d’eau sans le renverser. Tu t’exerces dans la cuisine autant de fois que nécessaire en essuyant les gouttes avec une éponge en cas de débordement. Dès que tu sais bien faire, tu peux monter sur ton petit tabouret pour remplir ton verre d’eau et l’amener à table.
Emmi Pikler
Emmi Pikler et la motricité libre qui offre aux bébés des moments de découverte du monde en toute liberté et quand ils en ressentent l’envie. Ici, tous les soins apportés au bébé lui sont expliqués. Le bébé est libre de se déplacer et de jouer à son rythme, sans sur-stimulation.
Ella Flatau
Ella Flatau et la « forest school » qui donne une place essentielle à la vie dans la nature. Pas de surprotection, on laisse les enfants vivre leurs expériences dans la nature en leur faisant confiance, en les laissant se sentir vivants et indépendants sans se soucier de salir leurs habits, d’écorcher leurs mains ou de sortir même par très mauvais temps.
Célestin Freinet et Ovide Decroly
Célestin Freinet et Ovide Decroly qui, avec bien d’autres pédagogues, ont insisté sur l’importance de la coopération et de l’entraide dans le bien-être collectif. L’esprit démocratique est aussi un atout positif dans la vie de famille, avec le droit à la parole et l’écoute attentive des besoins de chacun.
Pourquoi adopter la parentalité positive ?
La parentalité positive est bien plus qu’un principe d’éducation, c’est un véritable mode de vie qui doit être partagé par les deux parents. Adopter l’éducation positive, ce n’est pas devenir le parent parfait, ni avoir des enfants parfaitement sages et obéissants. C’est plutôt donner l’occasion à l’enfant d’exprimer et de vivre ses émotions, afin de mieux les gérer, mais aussi de développer son empathie envers les autres. C’est également un moyen de responsabiliser l’enfant. Par exemple, au lieu de le disputer quand il renverse son verre d’eau, vous lui proposez de nettoyer avec votre aide si besoin en fonction de l’âge de l’enfant.
Être parent autrement, c’est aussi oser remettre en question les schémas d’éducation que l’on a connus jusque-là. C’est ce questionner sur la meilleure manière d’accompagner son enfant vers la vie d’adulte. C’est donc un chemin que les parents font aux côtés de leur enfant, tels des guides.
Quels sont les grands principes de la parentalité positive ?
Afin d’illustrer comment se manifeste la parentalité positive au quotidien, en voici les grands principes :
- Traiter les enfants avec respect sans gestes gratuits de moquerie. On évite donc les remarques du type : je fais comme toi quand tu n’es pas content.
- Limiter le « non » et l’accompagner d’explications courtes avec des mots clairs. Par exemple, ne va pas là, car il y a du verre cassé par terre.
- Remarquer les bons comportements et éviter le trop-plein de phrases négatives. On dit : tu t’es séché tout seul en sortant de la douche, bravo ! plutôt que tu n’es pas encore séché !
- Proposer des choix au lieu de forcer. Par exemple : que préfères-tu au dîner ? soit beaucoup de haricots verts et un peu de pâtes, soit beaucoup de pâtes et un peu de haricots verts ?
- Se mettre à la place de son enfant. Ainsi, plutôt que lui demander de venir sur-le-champ alors qu’il est en plein jeu, le prévenir du changement d’activités un peu avant, afin de l’aider à se préparer.
- Proposer des jeux plutôt que lancer des ordres pour se faire obéir. Cela peut être « le premier déshabillé et en pyjama aura droit à une séance de chatouilles avant de se mettre au lit ».
- Utiliser le « je » et non le « tu » pour discuter avec son enfant. Préférez dire « je pense qu’il faut t’habiller maintenant, sinon l’école sera fermée quand tu arriveras » plutôt que « tu vas me faire le plaisir de t’habiller immédiatement ».
- Être doux et joyeux, et ne pas hausser le ton sans vraie bonne raison. La tonalité de la voix est souvent reproduite à l’identique chez son enfant, ce qui le rend autoritaire.
Comment pratiquer la parentalité positive au quotidien ?
Vous vous demandez comment pratiquer la parentalité positive au quotidien ? Voici quelques exemples de petites choses simples à mettre en place, et qui auront certainement de grands effets sur vos enfants et la relation que vous entretenez avec eux :
Être adepte de la bienveillance
En programmant une séance de gentillesse hebdomadaire, comme cela se fait dans les écoles scandinaves. Cela peut se pratiquer comme suit : ¼ d’heure de jeu partagé où son enfant décide du jeu à faire ensemble, ou bien un jeu coopératif en famille à programmer chaque dimanche.
Ne pas se mettre la pression
Un parent a droit à l’erreur. Avec humour, on peut expliquer à son enfant qu’un adulte peut lui aussi de temps en temps se laisser dépasser par ses émotions et se fâcher ou crier, même s’il déteste ça.
Respecter les émotions de son enfant
En ne prenant pas à la légère ses contrariétés enfantines, qui sont pour le moment ses seuls outils d’expressions. Vous pouvez dire par exemple : « Je comprends que tu sois fâché, mais… Je suis d’accord ce n’est pas drôle, mais… ».
Ne pas blesser avec des mots
Ne pas blesser avec des mots ou un refus énoncé à la va-vite, que l’on peut ensuite regretter. Mieux vaut prendre un temps d’arrêt pour réfléchir avant d’émettre le verdict.
Ne pas forcer son enfant à grandir trop vite
Les phrases telles que « tu n’es plus un bébé, ça c’est pour les bébés » obligent un enfant à passer son temps à chercher à atteindre un âge supérieur, dans ses jeux ou dans ses apprentissages. Ceci étant contre-productif, comme il est désormais établi par les travaux des chercheurs en neurosciences.
La parentalité positive est un travail de tous les jours. Parfois, vous perdrez patience, vous n’arriverez pas à tout appliquer, et ce n’est pas grave. Le plus important, ce sont les efforts que vous mettez chaque jour pour être un parent autrement, pour un parent bienveillant envers votre enfant.