Illustration de Kei Lam
La bulle des parents

Filles, garçons, même éducation !

FD
Fanny D., maman de Hugo 3 ans
02 février 2020

Mon petit garçon de 3 ans a piqué une crise en découvrant que la nouvelle chemise que je lui avais achetée avait des boutons roses. « C’est pour les fiiiiilles », m’a-t-il lancé, furieux. Je n’ai pourtant pas l’impression de l’avoir élevé comme un petit macho !

Macho, non ! Mais à un âge où l’on se découvre fille ou garçon et où les goûts commencent à s’ouvrir, les raccourcis peuvent vite être pris. Sans modifier la façon d’éduquer son enfant et plutôt que de laisser la porte ouverte aux stéréotypes, faisons preuve de bon sens !
1. Pas d’étiquettes sexistes  

« Les garçons seront toujours des garçons », entend-on souvent au parc lorsque deux garçons jouent à se bagarrer… « J’ai une fille qui aime se battre, un vrai garçon manqué », dira fièrement un autre parent… Un troisième avouera que son garçon est un peu « poule mouillée ». Les étiquettes sexistes font du tort aux enfants et mieux vaut se méfier de ces paroles en l’air qui marquent leurs esprits. Un papa de trois enfants raconte une visite chez le pédiatre, pour le vaccin de son petit dernier : « Un peu de courage, un garçon ça ne pleure pas », dit le médecin à son fils. Le parent le contredit aussitôt. Exprimer sa tristesse ou sa douleur par des pleurs n’est pas affaire de sexe. Laissons chacun grandir et devenir fille ou garçon sans pression. « Je me suis rendu compte qu’appeler ma fille “ma princesse”, c’était un peu comme si je la condamnais à attendre son prince charmant… j’ai arrêté de le faire car je lui souhaite un meilleur avenir ! »

2. Le rose, c’est pour les filles ?  

On sait qu’un bébé n’est pas vu de la même façon s’il est habillé en bleu ou en rose. En bleu, on dira du bébé qu’il a un regard déjà bien décidé, qu’il est bien costaud. En rose, on s’arrêtera plutôt sur ses jolis yeux, sa tenue qui le rend si mignon... Nous parents devons avant tout nous rappeler que nos bébés ont des cerveaux identiques à la naissance, qu’ils soient fille ou garçon. C’est à nous que revient le choix de couleurs. C’est pour cela que dans le Nido Montessori, les couleurs neutres priment pour valoriser leur intérêt éducatif. Du Moyen Âge au début du siècle dernier, la norme était le rose pour les garçons et le bleu pour les filles... Une information qui surprend toujours les enfants d’aujourd’hui ! 

3. Jeux ni fille/ni garçon

Un enfant forge ses goûts à travers son environnement et ses habitudes familiales. Quand un garçon dit : « ça, c’est un truc de fille » en parlant d’un jeu, c’est souvent parce qu’à la maison les jouets et les décors des chambres des frères et sœurs sont scindés en deux univers, féminin ou masculin. En Suède, s’étant aperçus que les petites filles n’avaient généralement pas accès aux jouets les plus excitants de la cour (vélos, planche à roulettes, ballons), les enseignants de maternelle ont décidé de les leur réserver exclusivement certains après-midis. Une bonne idée pour qu’elles ne pensent pas que les jeux sportifs et toniques ne sont que pour les garçons. Ils ont aussi mélangé dans un même coffre les jeux de constructions, les poupées ou encore les déguisements, pour que filles et garçons se déguisent tous en chevaliers·ères ou en super-héros·ïnes. De bonnes idées que l’on peut appliquer chez soi durant les vacances avec les cousin·e·s.

ML
Marina L., maman de Titouan 7 ans
27 avril 2020

Je lutte depuis toujours pour l’égalité des sexes et mon fils de 7 ans qui s’habille en « garçon classique » a les cheveux longs. Il subit pas mal de moqueries à l’école de la part de ses camarades garçons et se fait traiter de fille sans aucun soutien de son enseignant.  

À cet âge, les enfants aiment les catégories. Les former à l’égalité fille-garçon est une façon positive de leur apprendre à garder la tête froide et à utiliser les mots justes face à leurs détracteurs. Être bien dans sa tête et dans son corps à l’école est un droit qu’il faut rappeler encore souvent de nos jours !
1. Filles et garçons, on joue ?

Comment faire évoluer ou modifier le point de vue des filles sur les garçons et vice-versa ? Peut-être en organisant avec d’autres parents convaincus un anniversaire sur le thème du Moyen Âge un peu dirigé dans ce sens… Chercher des cartes à partir d’indices de chefs et cheffes de guerre (Jeanne d’arc étant la plus célèbre), fabriquer des boucliers et dagues en carton avec blason de chevalier·ère·s (avec couleurs d’époque imposées), organiser un tournoi garçon-cheval/fille-cavalière… On glissera bien sûr qu’à cette époque les hommes portaient tous les cheveux longs, des collants et des justaucorps !

2. Filles et garçons, on s’invite ?

Beaucoup de parents d’élèves se rendent service pour la garde de leur enfant, quand ils sortent le week-end ou rentrent tard du travail le soir. Les deux camarades de classe n’ont pas besoin d’être du même sexe ! C’est bien dans ces moments-là, hors de l’ambiance de la classe, que de vraies amitiés fille-garçon peuvent se créer et tordre le coup aux préjugés.  

OS
Olivia S., maman de Mahé 5 ans
22 octobre 2020

Réaction d’une copine en voyant que j’avais acheté un vélo avec des motifs à fleurs à mon fils : « Quoi, tu lui as fait ça ?! » Moi, je trouvais juste que le vélo était cool avec son petit côté années soixante-dix…

Même si dans les magasins de jouets le genre des jouets a tendance à s’atténuer de nos jours, ce sont souvent les adultes « bien pensants » qui ouvrent la porte aux clichés… Personne ne s’offusque quand une fille commande un baby-foot à Noël, mais un garçon qui joue à la poupée inquiète. Comme si l’on n’arrivait pas à se détacher des schémas virils d’un autre temps.
1. L’impact des tâches ménagères

Même sans un partage à égalité absolue de toutes les tâches domestiques, pour un enfant voir que ses parents forment une bonne équipe et tiennent la maison propre ou s’occupent tous les deux de leurs enfants donne une bonne image d’égalité entre les deux sexes. « Quand je change ma fille, mon fils de 4 ans fait pareil avec son nounours, il lui parle avec des mots tendres », raconte un papa. « Et quand avec ma femme on se bagarre pour savoir qui doit descendre la poubelle, on joue à pile ou face et c’est lui qui lance la pièce ! »  

2. Faire de son enfant un consommateur averti

Il faut être conscient que les « pro » du marketing ont un impact sur l’égalité entre filles et garçons et qu’il faut en informer nos enfants. L’industrie vestimentaire propose aux filles des jupes ou robes courtes et « mignonnes » qui empêchent de courir ou de grimper sans dévoiler leurs « dessous », et les amènent à subir les moqueries des garçons. Voilà ce qui rend les filles calmes, passives… sauf si elles adoptent les shorts, leggins ou des collants comme Superman ! Pour segmenter le marché et vendre plus, rien de mieux que le code couleurs rose/bleu : le casque de vélo du grand frère ne peut pas servir à sa petite sœur parce qu’il est bleu, il faut en acheter un autre… ! Avec notre aide, les enfants apprécient de ne pas se faire manipuler de cette façon. Combattre ce genre de plan stratégique sera un de leurs premiers engagements citoyens. 

3. Livres à égalité

Les livres jeunesse sont parfois « genrés » : livres de pirates pour les uns et de princesses pour les autres. Il est troublant de constater la faible représentation de la gente féminine dans les livres pour enfants, où elles ont rarement le beau rôle. Conseiller son enfant dans ses lectures peut aider car oui, un garçon peut aimer lire des histoires d’amoureux et les livres de blagues horribles plaire aussi aux filles. Dans une fratrie, c’est plus facile : les livres passent facilement d’un lecteur à une lectrice et réciproquement. Sinon, il y a les échanges entre camarades : « passe-moi ton livre préféré et je te ferai lire le mien ». « C’est ainsi que de temps en temps je vois passer des histoires de princesses dans la chambre de mon fils », raconte une maman qui rend service à une autre en gardant sa fille lorsqu’elle travaille le week-end. 

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